Formation continue Pédagogique Point chaud / en émergence

La formation en ligne libre comme ajout de revenus pour les établissements universitaires?

Pris entre deux mandats, soit d’une part, la diffusion la plus large possible du savoir, soit d’autre part, l’octroi de diplômes à valeur confirmée, les universités devraient-elles considérer la formation en ligne libre comme une possible autre source de revenus intéressante? C’est la question que pose Christine Vaufrey dans son article « La certification des parcours d’apprentissage libres : une source de revenus pour les universités » du 18 octobre 2011.

Traditionnellement, plusieurs étudiantes et étudiants s’inscrivent dans un programme formel et structuré dans l’optique d’améliorer leurs connaissances et leurs conditions d’emploi par le biais d’un diplôme reconnu. D’autres personnes recherchent une formation ponctuelle sans nécessairement viser un programme complet ni, en conséquence, un diplôme. Pour ces derniers, les cours dispensés gratuitement sur la toile sont attrayants même si, pour la majorité d’entre eux, aucune reconnaissance officielle n’est octroyée.   Toutefois, la prestigieuse Université de Stanford accorde une « déclaration d’accomplissement » et propose même des parcours de formation tout en ligne incluant le contrôle continu et l’examen final.

Or, entre ces deux situations, il semble qu’en matière de formation continue, la plupart des adultes tient au titre ou diplôme qui lui permettra de progresser dans on métier ou sa carrière. Comment répondre alors adéquatement à leurs besoins puisque ce qu’on désigne comme des ressources éducatives en ligne (REL) se limitent aux apprentissages détachés de tout objectif de certification?

Selon un article publié intitulé “Degrees for Open Learning ?” (résumé en français) sur le site elearningpapers, Bernd Remmele, professeur d’économie de l’éducation dans une école supérieure allemande, « estime même que les établissements d’enseignement supérieur peuvent gagner de l’argent avec les REL, en permettant aux apprenants de se présenter aux examens après avoir réalisé un parcours libre d’apprentissage avec les REL. »

Bien que conscient d’un certain nombre de problèmes à résoudre avant de mettre en place cette formule, Remmele évalue « que c’est tout à fait à la portée des établissements d’enseignement supérieur, qui pourraient proposer un certain nombre de services payants associés aux REL, à l’image de ce que font les entreprises assurant des services autour des logiciels libres. B. Remmele s’appuie sur cet exemple pour affirmer que les valeurs et le mode de production des ressources et produits libres ne sont pas incompatibles avec le secteur marchand. Les producteurs de REL doivent selon lui adopter une démarche orientée client, qui leur permettra tout à la fois d’offrir des ressources plus homogènes, globalement de meilleure qualité, et autorisant un accès plus aisé qu’aujourd’hui à des titres et diplômes. »

« Son article propose des pistes d’action très concrètes pour les producteurs de REL et les établissements d’enseignement supérieur qui voudraient se lancer dans l’aventure de la certification des parcours libres. Parmi les services marchands à développer autour des REL, on retiendra :

  • La description des contenus et modalités d’obtention des diplômes délivrés, et une sélection de REL adaptées (dans le fond et dans la présentation) à ces objectifs;
  • Une analyse des REL et leur évaluation collaborative par des enseignants et des apprenants, par le biais d’outils tels que le tagging (adjonction de mots-clés descripteurs des contenus), l’attribution de notes, et la mention de ce qui manque dans les ressources ainsi évaluées, toujours en référence au diplôme visé. Les producteurs de REL pourraient alors tirer profit d’un effet de réputation pour mieux mettre leurs ressources en avant, et améliorer la qualité de celles qui ont été estimées trop faibles par les utilisateurs et les professionnels académiques.
  • La centralisation de REL produites en interne, les ressources étant encore trop souvent dispersées sur plusieurs sites, dont les sites des enseignants par exemple.
  • L’autorisation accordée aux apprenants en parcours libres de se présenter aux examens (formation universitaire initiale) et/ou aux certifications professionnelles (formation professionnelle continue et validation des acquis), en se soumettant à des épreuves identiques à celles des étudiants en cursus classique, ou en respectant les procédures de validation des compétences professionnelles déjà fixées dans nombre de pays (France, Grande-Bretagne, Finlande en particulier). »

Ainsi, M. Remmele considère que les établissements d’enseignement supérieur pourront s’aider financièrement tout en assurant leur mission première d’accès élargi à des ressources d’apprentissage de qualité et à leurs certifications.

Source :

REMMELE, Bernd, « Peut-on valider la démarche Open Learning par des certifications? », Elearningpapers, avril 2011 (Résumé en français et accès à l’article original, téléchargeable en .pdf.)

VAUFREY, Christine. « La certification des parcours d’apprentissage libres : une source de revenus pour les universités », article publié dans Thot Cursus du 18 octobre 2011.

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