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En France, le plagiat dans les thèses ébranle le monde universitaire

En novembre dernier, Le Monde publiait deux pages (14 et 15) d’articles sur le plagiat dans les  thèses dans lesquels on cite les propos d’un groupe de chercheurs essentiellement français, dont Jean-Noël Darde (Université Paris 8 ; site Archéologie du copier-coller) et Hélène Maurel-Indart (Université de Tours : site Le Plagiat), Gilles Guglielmi et Michelle Bergadaà (Université de Genève : site Fraude et déontologie des acteurs universitaires.  Ce sont les organisateurs du colloque “Le plagiat de la recherche scientifique”, qui se tiendra les 20 et 21 octobre 2011 à Paris.  

Très tôt dans son article, Philippe Jacqué rapporte les propos de Jean-Michel Darde (site Archéologie du copier-coller), maître de conférence à Paris-VIII : « Les universités françaises sont réticentes à admettre que le plagiat, avant d’être un problème d’étudiants, concerne les enseignants.  […] Il existe des enseignants plagiaires, des cas peu fréquents, mais bien moins exceptionnels que ce que l’on voudrait croire. »  Les thèses plagiées font de plus en plus l’objet de procès.  On attribue le plagiat aux pressions tyranniques du « Publish or Perish », endossé, voire encouragé par les universités.  Toutes les disciplines seraient touchées.

L’article note qu’on retrouve 4 types de plagiat dans les thèses:

  • la reproduction sans référence,
  • l’emprunt de concepts (qu’on appelle « le démarquage ») paraphrasé avec plus ou moins d’habileté,
  • reprise de la méthode et des données d’un article publié en modifiant uniquement le secteur, le contexte, le cas d’étude ;
  • la reproduction par un directeur de recherche du travail de son ou de ses étudiants.

On dit de ce dernier type qu’il est le plus fréquent et qu’il est très rare que l’étudiant se retourne contre son directeur de recherche et ce, par crainte de représailles pouvant ruiner sa carrière en devenir.

Par ailleurs, comme une thèse a été produite sous la direction d’un ou plusieurs chercheurs et qu’elle a été évaluée par un jury composé d’experts, comme un article scientifique a été évalué par un comité de pairs, lorsqu’on découvre du plagiat dans l’un ou dans l’autre, c’est tout le travail de ces gens qui est discrédité.  Or, tant les universités que les éditeurs de revues scientifiques tardent à réagir.  La tendance a été et est encore, parfois, d’étouffer l’affaire.  Le sujet fâche, comme dirait Michelle Bergadàa, mais il faudra bien s’y attaquer si on désire préserver la valeur de la production de nouvelles connaissances.

Et les plagiés ?  Mattea Battglia a recueilli le témoignage d’une plagiée : Le long parcours d’une plagiée pour faire reconnaître le « pillage » de sa thèse.

Une double peine pour les plagieurs ?  Geoffroy Deffrennes rapporte comment un plagieur reconnu coupable n’en finit pas de payer sa faute parce que son histoire a été mise sur Internet.  Dans le Nord, l’embarrassante affaire « M ».

Enfin, Philippe Jacqué signe en entretien avec Michelle Bergadaà : Chez certains, tout est faut : le CV, la thèse, les titres.  Le site Fraude et déontologie des acteurs universitaires dont est responsable Bergadàa, compte 17 000 abonnés, surtout des professeurs, de 125 établissements universitaires de 15 pays.  Le but de ce site ?  Démontrer que le plagiat est lié au manque de repères des étudiants à l’obsession de reproductivité et au désir d’immédiateté.  Il [le plagiat] est un symptôme de notre société : nous voulons tout, tout de suite. L’entretien se termine par la mention d’une typologie des plagiaires : le bricoleur, le tricheur, le fraudeur et le manipulateur.  (NDLR : cette typologie fera l’objet d’une dépêche ultérieure.)

Sources :
Jacqué, Philippe, « Pourquoi le plagiat gangrène-t-il l’Université ? », Le Monde,  11 Novembre 2010, P. 14.
Jacqué, Philippe, « Chez certains, tout est faut : le CV, la thèse, les titres »,  Le Monde,  11 Novembre 2010, P. 15.
Battglia, Mattea, « Le long parcours d’une plagiée pour faire reconnaître le « pillage » de sa thèse », Le Monde, 11 Novembre 2010,  P. 15.
Deffrennes, Geoffroy, « Dans le Nord, l’embarrassante affaire ‘M’ », Le Monde, 11 Novembre 2010,  P. 14.

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Sonia Morin

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