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Les assises du développement du savoir sont-elles solides?

S’il me fallait retenir une seule chose de la rencontre avec Mme Michelle Bergadà, professeur à l’Université de Genève et spécialiste du plagiat et de la fraude, ce serait certainement le fait que le plagiat mine la confiance dans la valeur du savoir qui se développe dans les établissements universitaires.  Non seulement la confiance de la population en général est-elle affectée, mais aussi celle de la communauté scientifique.  Si une thèse est plagiée, qu’apporte-t-elle de nouveau?   Pire, si la source du plagiat comporte des faussetés, ces faussetés seront répétées et, avec la circulation de l’information effrennée que permet le Web, la contamination des esprits sera difficilement enrayable.  Pire encore, la confiance dans les diplômes est minée, tout comme la confiance en l’honnêteté des détenteurs de diplômes, et, par conséquent, dans leurs capacités à mener à bien les travaux qu’ils entreprennent.   Les pires scénarios se bousculent à la porte des esprits fertiles en imagination…

Dans son billet « Thèses plagiées : des politiciens pris, un public qui surveille, et des propositions »(25 mars 2011), Éric Chamberland rapporte des cas de thèse plagiées qui reviennent hanter leurs détenteurs.  J’y ai ajouté un grand nombre de cas provenant de divers milieux.

Les cas de plagiat en recherche (thèses et articles scientifiques) me semblent particulièrement nocifs et ils ne sont pas que le lot des étudiants.  Quand Québec Science termine son article « Les faussaires de la dissertation » (Mathieu Gobeil, 29 avril 2011) par « Que faire alors pour s’assurer que l’édifice du savoir continue de s’ériger sur des bases honnêtes?  Promouvoir une solide éthique de travail serait un bon début.  Chaque fois qu’un étudiant se fait pincer, il devrait en subir les conséquences.  Pas de passe-droit pour les tricheurs! », je suis à la fois d’accord et agacée.  D’accord pour promouvoir l’intégrité (et non pas l’éthique).  Agacée parce que les cas de plagiat des professeurs chercheurs, eux, sont peu, voire pas du tout, traités avec la même sévérité.  Au contraire, il semble y avoir une omerta sur ces cas de plagiat, voire une banalisation sous l’étiquette de faute professionnelle sans sanction.

Jean-Noël Darde, sur son site Archéologie du “copier-coller” ,  traite des cas de plagiat dans les travaux universitaires  et des réactions universitaires au plagiat.   Dans un article publié le 4 avril 2011, « Les CNU, les Comités de sélection 2011, et le plagiat d’excellence », Darde dénonce la complaisance, la complicité et la perte de repères déontologiques de certains membres du Conseil scientifique de Paris 8.  Le torchon brûle dans cette université. Les étincelles de ce feu ont été jugées suffisamment dangereuses pour que la ministre de l’enseignement supérieurs et de la recherche, Valérie Pécresse, créé une commission éthique et déontologie.  (Voir dépêche « Éthique et transparence dans la carrière des enseignants-chercheurs : la France prend les grands moyens » du 30 mars dernier.

La lutte antiplagiat s’organise. notamment, parce que les scandales reliés au plagiait se multiplient et viennent entacher le développement du savoir et mettre en doute la valeur de diplômes octroyées.

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Sonia Morin

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