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Génération Y : mythe contextuel ou réalité?

Un échange en France entre Julien Pouget, consultant et auteur d’Intégrer et manager la génération Y (Éditions Vuibert, 2010), et Jean Pralong, professeur de management à Rouen Business School, a de quoi nous surprendre, ici au Québec, alors que nous parlons des caractéristiques de la génération Y depuis déjà plusieurs années, nous préparant à l’impact de leur arrivée à l’université ou sur le marché du travail.

En effet, Jean Pralong, contrairement à Julien Pouget, estime que la génération Y n’existe pas à proprement parlé. Selon lui, elle est plutôt le fruit d’un contexte donné où les jeunes ont vu leurs parents s’investir beaucoup dans leur travail sans reconnaissance, ni valorisation, d’une part, et d’autre part, ces jeunes ont déjà parfois vécu une expérience de stage décevante avant leur entrée officielle sur le marché du travail, ce qui les a assez souvent désillusionnés.

C’est pourquoi, Jean Pralong parle davantage d’un contexte précis, voire générationnel, car il touche à de nombreux jeunes d’un âge similaire. Il constate que les questions que ladite génération Y se pose sont les mêmes que celles que se posait avant elle la génération X. Il déclare : « Le contexte d’entrée dans l’entreprise n’a pas tant changé que ça entre les X et les Y. Il est quasiment le même depuis la fin des années 70. Les nouvelles pratiques managériales concernent ces deux générations, qui sont désormais soumises aux mêmes absences de règles. Un manager de 40 ans et un jeune de 25 ans n’ont pas le même niveau hiérarchique, mais ils travaillent dans les mêmes entreprises, ont les mêmes types de carrière et rencontrent les mêmes difficultés. »

Julien Pouget observe que « [p]ar exemple, un jeune estime qu’il peut commenter ou critiquer une décision émanant de quelqu’un de plus important que lui, quelles que soient ses compétences. Voilà un type de comportement qui agace les managers. Ils voient des jeunes qui ont du mal à se confronter à un système pyramidal où il faut faire attention à la personne à laquelle on parle. Ce n’est certes pas un acte réfléchi de la part des jeunes de la génération Y, qui ont été élevés dans le peer to peer. Que faire face à ces nouveaux comportements? Certains pensent que les jeunes finiront par entrer dans le rang, d’autres, comme moi, estiment que l’entreprise doit s’adapter à leurs nouvelles exigences, non pas pour leur faire plaisir mais pour être plus efficace.

C’est là que Jean Pralong soutient que les gens de la génération X sont en partie responsables de la situation en ayant eux-mêmes perdus dans leurs points de repère quant aux règles collectives en entreprise. Il mentionne : « Ces managers doivent prendre des décisions importantes, mais ils ne savent pas à partir de quelles règles. Qu’est-ce qu’un comportement acceptable ? Le tutoiement l’est-il? Quels sont les codes vestimentaires imposés? Avons-nous le droit d’utiliser Facebook au bureau? Je pense que le « X » et le « Y » se posent les mêmes questions, ont les mêmes aspirations, sauf que le « X », du fait de son âge, est le manager. Celui-ci est juste en demande de règles du jeu en matière de comportement et de management. ». C’est ce qu’il appelle « la crise du middle management [NDLR : cadre intermédiaire]». Julien Puget rétorque pour sa part que « les deux générations n’ont pas la même idée de ce qui est convenable et de ce qui ne l’est pas » et c’est là que la bât blesse.

Quoi qu’il en soit, les deux reconnaissent qu’il y a un sérieux problème de gestion en entreprise et qu’il importe d’aider autant les jeunes gestionnaires que les nouveaux employés, relevant de la fameuse génération Y. Ils sont d’accord pour dire que les entreprises vivent mal dans le désordre et qu’elles ont besoin d’un minimum d’organisation. Reste à réfléchir maintenant à comment peut-on mieux préparer les jeunes adultes qui passent par l’étape universitaire afin qu’ils intégrent harmonieusement ce marché du travail en mouvance, dans un premier temps, comme nouvel employé, mais qui, rapidement par la suite,  seront appelés à remplir des postes de gestion avec un départ significatif à la retraite de personnes très prochainement. Au débat déjà ouvert sur l’importance des compétences informationnelles, devrons-nous ajouter celui des compétences relationnelles?

Source : VAILLANT, Emmanuel et Jessica GOURDON. « La génération Y existe-t-elle vraiment? », dans EduPros.fr, publié le 1er mars 2011.

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