Pédagogique Point chaud / en émergence Technologique

Départager formation à distance mixte de formation hybride

[Dans le cadre de la rubrique « Le fin mot » du prochain Perspectives SSF, Éric Chamberland a accepté d’expliquer ce que l’on entend par formation hybride.  Comme il a d’abord publié son texte ici, vous bénéficiez d’une primeur…]

On entend souvent parler de formation à distance et de sa contrepartie, la formation en présentiel, mais il existe une formule qui combine les deux : la formation hybride. Dans une formation hybride, les étudiants ont des activités d’apprentissage à réaliser à distance, et d’autres activités qui se passent en présence de la personne enseignante. L’équivalent anglophone serait l’expression blended learning.

Le terme francophone formation hybride semble davantage être une expression consacrée que l’expression semblable formation mixte. Cette dernière formule peut être utilisée pour désigner diverses situations où l’on combine différentes approches de formation, autres que la combinaison distance-présence. À noter : blended learning souffre parfois de la même pluralité de sens que la formation mixte, comme le note l’article de wikipédia sur ce terme.

Terme proche : formation bimodale, qui désigne des cours donnés simultanément à un groupe en présence et à des étudiants à distance grâce aux technologies de télécommunication modernes (Loisier & Marchand, 2003). Par exemple, un professeur qui enseigne en classe devant des étudiants présents alors que d’autres étudiants participent à ce même cours par la plateforme Via. On dit également des institutions d’enseignement qu’elles sont bimodales lorsqu’elles offrent à la fois des cours en présence et des cours à distance (source : Vers l’UQAM bimodale http://sites.google.com/site/versluqambimodale/Home/la-formation-hybride).

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Loisier, Jean  et Louise Marchand (2003), « Institutions bimodales et formation hybride », Revue du conseil québécois de la formation à distance, Vol. 6, No. 1, pp. 27-45.

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4 Commentaires

  • Bonjour,
    Effectivement, belle clarification des termes qui semblent foisonner en formation à distance (tout au moins, pour un néophyte). Dans le contexte du Plan Réussir, nous annonçons une réflexion visant à Se positionner en matière de formation à distance dans une perspective institutionnelle (Obj. 2.2.3). J’ai aussi assisté à la présentation dynamique de notre collègue de la Faculté d’administration la semaine dernière (Farès Khoury). À la suite de tout cela, je me pose, entre autres, trois questions: doit-on favoriser une ouverture pleine et entière sur les méthodes et techniques de formation à distance (donc, laisser libre cours à la créativité) ou développer et promouvoir une certaine approche qui deviendrait progressivement une formation identifiable à une signature de l’UdeS? Quelles seraient les caractéristiques d’une telle approche, si cela était souhaitable? Comment devrions-nous la développer, si, encore une fois, nous retenons une telle piste?

    • Bonjour André. Merci d’avoir commenté, c’est toujours intéressant d’avoir un son de cloche sur ce que l’on écrit. La version de cet article publiée dans le bulletin Perspectives SSF est légèrement plus étoffée.

      Effectivement, Farès a fait une présentation très dynamique de son modèle de FAD, qui s’appuie principalement sur les interactions synchrones. C’est essentiellement une transposition de l’enseignement magistral dans un environnement web. Il y a plusieurs façons de faire de la FAD et la qualité peut être au rendez-vous dans plusieurs formules. Si Farès Khoury privilégie le synchrone, la MES de la Faculté d’Éducation privilégie l’asynchrone. Ces choix sont en fonction de nombreux éléments contextuels propres à chacun de ces programmes.

      À la suite de tout cela, je me pose, entre autres,
      > trois questions: doit-on favoriser une ouverture pleine
      > et entière sur les méthodes et techniques de formation
      > à distance (donc, laisser libre cours à la créativité) ou
      > développer et promouvoir une certaine approche qui
      > deviendrait progressivement une formation identifiable
      > à une signature de l’UdeS? Quelles seraient les
      > caractéristiques d’une telle approche, si cela était
      > souhaitable? Comment devrions-nous la développer,
      > si, encore une fois, nous retenons une telle piste?

      Ma réponse se situe à mi chemin entre les deux propositions (liberté totale vs approche unique). Je crois que se cantonner à une seule approche, c’est risquer qu’elle ne soit adaptée qu’à un petit nombre de contextes de cours et de programmes qui pourraient s’offrir en FAD à l’UdeS. Je suis quand même d’avis qu’il faut proposer un certain cadre institutionnel souple, mais structurant (i.e. une démarche associée à des principes et à des balises). Ainsi, les cours en FAD ou en formule hybride ne devraient pas se réaliser au détriment de la qualité de la formation. On devrait notamment chercher à y privilégier l’apprentissage actif et contextualisé qui font déjà la renommée de notre institution dans divers programmes en présentiel. On peut transposer à distance des formules existantes, mais on peut aussi imaginer de nouvelles façon de faire, de même que s’approprier des façons de faire développées ailleurs dont les résultats sont démontrés.

      Il existe tout un pan de littérature scientifique rigoureuse en éducation qui porte sur la formation à distance et sur le e-learning. Je pense qu’une des clés du succès est de s’appuyer sur ces données probantes pour établir notre cadre UdeS. Certaines opinions répandues sur la FAD et sur le e-learning sont contredites par la science. Je suis persuadé que les professeurs seront sensibles au respect de la science derrière la FAD s’ils sont bien informés, outillés et accompagnés à ce sujet. Loin d’inhiber la créativité, on marie plutôt l’art avec la science.

      Je pense aussi qu’il est important de casser la pensée magique répandue selon laquelle la FAD peut se faire en un tournemain avec les outils technologiques modernes. Réussir la FAD, ça commence par un investissement important dans une conception pédagogique adaptée. Les outils modernes facilitent des choses et élargissent le champ des possibilités, mais ils n’enlèvent rien au travail de fond nécessaire. Au contraire, la variété des posibilités demande une réflexion importante pour identifier une combinaison judicieuse de moyens cohérents avec les objectifs.

      Quitte à me mouiller, je vais aller plus loin. Je vois 5 dimensions à considérer quant à une vision institutionnelle de la FAD.

      1. Un cadre. Des principes pédagogiques à respecter, une proposition de démarche structurante pour le développement de cours/programmes en FAD et leur amélioration continue, et des balises pour les aspects administratifs (reconnaissance dans la tâche des professeurs, paramètres du traitement salarial des chargés de cours, etc). Petite mise en garde : il existe des démarches très structurées dans la littérature (ex. MISA), mais dont la lourdeur rébarbative pourrait décourager certains professeurs. Il faut trouver un équilibre de telle sorte que l’on met en place des conditions de succès et de qualité sans « bureaucratiser » à outrance.
      2. Un coffre à outil. Je parle ici des moyens techniques. Au-delà de Via et de Moodle dans sa configuration actulle, on pourrait enrichir le coffre à outils des instruments de FAD disponibles à l’UdeS de bien des façons. Plusieurs projets ont été déposés au COTI à cet effet, notamment.
      3. De l’aide. Il est inévitable que les Facultés auront besoin de soutien pédagogique, technique/multimédia et même de soutien administratif. Exemple de soutien administratif : possibilité d’accélérer le traitement des inscriptions en FAD pour que le CIP soit émis le plus rapidement possible. Sans CIP, pas d’accès à Moodle, au courriel, etc. Soutien pédagogique : formations, documentation, accompagnement des équipes facultaires de développement de FAD, etc.
      4. Des exemples. L’inspiration que fournit un exemple réel a une grande valeur. Voir comment d’autres cours et programmes ont été implantés en FAD permet de considérer plus concrètement ce qui est possible et peut servir de tremplin pour imaginer de nouvelles possiblités, de nouvelles combinaisons. L’idéal est de donner accès à des exemples variés au niveau des choix technologiques et pédagogiques et au niveau des combinaisons. Je donne le crédit de cette idée à mon collègue Christian Dumont, qui est un grand promoteur de la valeur des exemples.
      5. Une promotion externe et interne. Ici aussi, l’influence de Christian est forte. Promotion à l’externe, bien sûr, pour le recrutement. L’Université Laval a été très agressive à ce sujet ces dernières années et sa croissance d’inscription en FAD a considérablement entâmé la part de marché de la TÉLUQ. À l’interne, promouvoir les 4 éléments précédents pour que les Facultés qui s’engagent dans la FAD aient tous les atouts entre les mains pour avoir du succès. Le message que l’institution pourrait envoyer dans sa promotion interne pourrait ressembler à ceci (pas dans la forme, mais sur le fond) : “Voici les principes et les balises à considérer. Voici les outils, les moyens et l’appui disponibles. Voici des exemples qui peuvent vous inspirer. Maintenant, bâtissez votre propre combinaison avec ce qui vous est offert en respect des balises et principes énoncés. On vous propose même une démarche structurante pour vous aider à le faire de façon efficace et efficiente.”

      Il va sans dire que l’équipe technopédagogique du SSF est très intéressée à participer à la réflexion et aux discussions portant sur la FAD et à supporter l’effort de développement de l’Université. C’est un créneau où nous pouvons mettre à profit tout notre savoir-faire. Il faudrait en parler à Serge car cela doit certainement nécessiter un plan et des ressources dédiées.

  • Merci beaucoup de cette réponse très articulée et très éclairante. Je l’intègre avec plaisir à la réflexion que nous menons présentement sur la formation à distance. Nous aurons sûrement l’occasion d’en reparler.

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