Cycles supérieurs Pédagogique

Déconnexion: les heures de bureau

Les heures de disponibilité au bureau des personnes enseignantes sont des moments de soutien aux personnes étudiantes. Elles ont lieu hors des heures prévues d’enseignement en classe. Cette mesure d’aide est l’une des stratégies de soutien aux personnes étudiantes les plus répandues sur les campus universitaires. Est-ce que les heures de bureau sont un levier pour la réussite? Les personnes étudiantes en voient-elles l’utilité, et les membres du personnel enseignant sont-ils au fait des réels besoins de la communauté étudiante?

Les chercheurs Hsu, Rowland-Goldsmith et Benaksas Schwartz (2022) de Chapman University, en Californie, ont sondé 28 membres du personnel enseignant et plus de 500 personnes étudiantes de premier cycle au Schmid College of Science and Technology afin de comprendre de quelle façon leurs perceptions des heures de disponibilités diffèrent. Ils ont démontré que les personnes enseignantes y voient plus d’avantages que les personnes étudiantes elles-mêmes en voient. Les membres de la communauté étudiante considèrent plutôt que les obstacles à la fréquentation des heures de bureau sont nombreux et les bénéfices, moindres.

Selon les personnes étudiantes sondées dans le cadre de cette étude, les heures de bureau sont surtout utiles pour obtenir des clarifications en lien avec le contenu des cours, demander de l’aide pour la complétion d’un travail, pour se préparer à une évaluation ou même pour aller écouter les questions de leurs collègues de classe. Selon les personnes enseignantes sondées, les avantages sont plus nombreux. Les personnes étudiantes pourraient se présenter aux heures de bureau pour poser des questions de clarification, bien sûr, mais aussi pour développer de meilleures méthodes de travail ou pour obtenir des conseils professionnels. Ces deux bénéfices supposés par les personnes enseignantes ne figuraient même pas dans les réponses des personnes étudiantes! De plus, alors que 19,6% des personnes enseignantes sondées affirment que certaines visites se font simplement dans l’optique pour les personnes étudiantes d’apprendre à connaitre la personne qui leur enseigne, seulement 5,6% des personnes étudiantes sondées ont répondu que c’était en effet le cas.

Les personnes étudiantes et enseignantes ne perçoivent pas les mêmes bénéfices à la fréquentation des heures de bureau par les personnes étudiantes. (Hsu et al., 2022)

Concernant les obstacles à la fréquentation des heures de bureau, les personnes étudiantes ont nommé qu’elles n’avaient pas de question à poser, avaient des conflits d’horaire ou avaient réussi à trouver de l’aide auprès de leurs collègues de classe. Ils ont d’ailleurs nommé préférer les heures de disponibilité en ligne, car elles sont plus commodes. De leur côté, les personnes enseignantes perçoivent que les personnes étudiantes n’ont pas de question à poser, sont trop intimidées ou nerveuses pour les approcher pendant les heures de disponibilité ou sont trop paresseuses pour le faire.

Les personnes étudiantes et enseignantes ne perçoivent pas les mêmes obstacles à la fréquentation des heures de bureau par les personnes étudiantes. (Hsu et al., 2022)

Faisons bien attention de ne pas juger négativement les personnes étudiantes. Sont-elles réellement trop paresseuses pour se présenter aux heures de bureau? Bien sûr que non. Cette réflexion est biaisée et elle conduit à généraliser sur la motivation et la persévérance de la population étudiante. Pour promouvoir les heures de bureau, Hsu et al. (2022) recommandent de combler le fossé des perceptions en explicitant l’aide qui y est offerte ou les sujets qui peuvent y être discutés. Les personnes enseignantes pourraient aussi éliminer certains des obstacles structurels qui empêchent les personnes étudiantes de se présenter aux heures de bureau en les sondant sur les meilleures plages horaires en début de session, ou en alternant les horaires de bureau. Pour que les heures de disponibilité soient plus inclusives, elles devraient avoir lieu à l’extérieur du bureau de la personne enseignante, soit dans une salle de conférence ou une salle de classe, par exemple. Conséquemment, la situation serait moins intimidante et les personnes étudiantes pourraient y participer en groupe. Selon Hsu et collègues (2022), les personnes enseignantes devraient également varier leurs méthodes d’évaluation. Les stratégies pédagogiques qui encouragent les personnes étudiantes à réfléchir, à construire leurs connaissances et à faire des liens entre leurs apprentissages sont aussi les approches qui génèrent le plus de questions de leur part. Il est bien connu que le personnel enseignant qui met de l’avant la métacognition contribue grandement à la réussite, mais il semblerait qu’il pourrait aussi se retrouver à être plus sollicité pendant les heures de bureau. Et si on ouvrait les portes à la réussite?

SOURCES

  • Hsu, J. L., Rowland-Goldsmith, M., & Schwartz, E. B. (2022). Student Motivations and Barriers toward Online and In-Person Office Hours in STEM Courses. CBE—Life Sciences Education, 21(4), ar68. https://doi.org/10.1187/cbe.22-03-0048
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À propos de l'auteur

Esther Dubé

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