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Attaques contre la titularisation aux États-Unis… et ailleurs?

J’avais lu cet article en juin au moment de sa sortie, mais j’hésitais à le faire connaître. Alors que l’auteur Nathan Greenfield – un journaliste et enseignant canadien – laisse entendre que cette menace américaine pourrait bientôt se répandre ailleurs dans le monde, je m’en voudrais d’être aussi alarmiste. Il est néanmoins exact que je vois passer différentes nouvelles internationales qui vont dans le même sens, comme cette situation en Inde en mai dernier. La sphère politique a toujours influencé l’enseignement universitaire, mais cette tendance semble croissante.

D’après Greenfield, la Louisianne est désormais le quatrième état américain qui envisage d’abolir la titularisation ou qui l’a déjà fait. Les autres états dans cette situation sont: le Dakota du Sud (ou elle existe toujours mais sans syndicat pour la défendre…), la Floride et le Wisconsin.

Toutefois, des états comme le Texas (dont le gouverneur républicain aimerait également abolir la titularisation), le Mississipi, l’Oklahoma et l’Iowa interdisent l’enseignement de la théorie critique de la race (critical race theory ou CRT). [Note, j’avais évoqué les limites que plusieurs états imposent à l’enseignement de cette théorie ici.] En Géorgie, la titularisation existe toujours, mais l’examen par les pairs des professeurs et professeures en vue de leur permanence a été aboli.

« Dans tous ces États, […] la titularisation a été citée comme protégeant les professeurs qui enseignent de la CRT. »

Ainsi, le Lieutenant-gouverneur du Texas Dan Patrick, qui sera en réélection au mois de novembre prochain, affirme que…

« Tenured professors must not be able to hide behind the phrase ‘academic freedom’, and then proceed to poison the minds of our next generation. … I am further outraged that the Faculty Council told the legislature and the UT Board of Regents that it is none of their business what they taught. Universities across Texas are being taken over by tenured, leftist professors, and it is high time that more oversight is provided. »

S’il fallait le rappeler, Jeremy Young, responsable de la liberté d’expression et de l’éducation à PEN America affirme…

« Les professeurs et professeures des collèges et universités financés par des fonds publics sont peut-être des employés et des employées du secteur public, mais ils diffèrent des autres employés du secteur public, car une partie essentielle de leur travail consiste à mener des recherches et des analyses, et à enseigner indépendamment de leurs patrons.

« Ils peuvent être critiques à l’égard de leur université, de leurs collègues ou de leurs personnes superviseures si c’est là où les faits les mènent. C’est différent de travailler pour une entreprise ou même une agence gouvernementale où votre travail consiste essentiellement à faire avancer les intérêts de l’organisation. L’intérêt des universités, franchement, est d’employer des professeures et professeurs qui travaillent parfois contre les intérêts de l’université et donc la titularisation est absolument nécessaire pour protéger ce type de recherche désintéressée de la vérité. »

D’après le professeur J. Andrew Gothard, qui enseigne l’anglais à la Florida Atlantic University et est président de la United Faculty of Florida,

« I really think there is a national effort among conservatives to try to take over higher education classrooms because they have identified that the more educated you become, the more tolerant [you are] and the less you are interested in authoritarianism and totalitarianism. The more educated you become, the more you respect the individual. »

Nathan Greenfield rappelle que « la titularisation est définie différemment selon les pays – le Canada, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, la Suisse et la Belgique ont des systèmes similaires à celui des Américains, tandis que le Brésil, le Mexique, le Chili, le Sénégal et le Japon n’accordent la titularisation qu’à très peu de professeurs…

Par ailleurs, Matthew Boedy, professeur agrégé la University of North Georgia et président local de l’American Association of University Professors (AAUP), pense que les professeurs et professeures hors des États-Unis devraient se soucier des décisions législatives concernant la titularisation prises dans son pays: « Je dirais qu’ils viennent pour vous », dit-il. « Ils viennent ensuite pour votre titularisation parce que la titularisation est attaquée à tous les niveaux de l’enseignement supérieur dans tous les pays. » (“I would say, they’re coming for you,” he says. “They’re coming for your tenure next because tenure is under attack across all levels of higher education in all countries.“)

[Certains extraits en anglais traduits avec Deepl.com, puis ajustés.]

Sources:

Greenfield, Nathan M., « Tenure is under attack in the US and your country is next », University World News, 8 juin 2022

TNN, « University suspends lecturer who set question on fascism », University World News, 11 mai 2022

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Jean-Sébastien Dubé

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