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Autoplagiat : est-ce toujours aussi noir et blanc qu’on le souhaiterait?

Le vice-chancelier à la recherche de la University of North Carolina a été reconnu coupable d’avoir plagié dans une demande de subvention.  Selon l’ORI (Office of Research Integrity), son plagiat consistait en la reprise d’extraits d’articles et d’une demande de subvention antérieure de son propre cru. En guise de sanction, le vice-chancelier, un éminent chercheur, a accepté que ses recherches soient supervisées pendant à peu près deux ans, période pendant laquelle tout organisme subventionnant ses recherches auront à fournir à l’ORI un certificat attestant que les données et la méthodologie utilisées pour les obtenir ont originales et non plagiées.

Celles et ceux qui suivent mes réflexions sur le plagiat et sur l’intégrité depuis plus de dix ans ne seront pas étonnés que je soulève un petit drapeau en regard de cet article. Avant de conclure à une inconduite en recherche, il serait intéressant, voire primordial, de connaître la nature des extraits plagiés?

L’autoplagiat navigue souvent en eaux troubles : il existe, en effet, différents cas de figure sur lesquels il conviendrait de jeter un peu de lumière afin de nous conduire à un poser un jugement plus nuancé. En voici un échantillon.

  • La soumission d’un même article dans deux revues différentes dans la même langue.
  • La soumission d’un même article dans deux revues différentes mais dans deux langues différentes.
  • La reprise textuelle de la description d’une méthodologie, d’une revue de littérature dans deux articles, deux demandes de subventions… portant sur un aspect du projet de recherche (vérification d’un phénomène y dans un contexte A, un contexte B, un contexte C…)
    • Combien de fois peut-on réécrire sans plagier la description d’une méthodologie.
  • La soumission d’une même demande de subvention refusée par un organisme X à un autre concours d’un autre organisme.

Une dépêche récente faisait état d’une première version d’un guide à l’intention des chercheuses et chercheurs intitulé Understanding Text Recycling.  Les auteurs y détaillent quatre types de recyclage : le recyclage développemental, le recyclage génératif, la publication adaptée et la duplication.

Une vérification de dernière minute de mes sources a permis d’apprendre que le professeur chercheur Terry Magnuson a démissionné de son poste de vice-chancelier à la recherche de la University of North Carolina vendredi dernier. L’honneur de l’institution est sauf… Sauf qu’on ne sait pas si le plagiat a été commis de manière intentionnelle, en connaissance de cause ou par négligence, comme le dit le rapport final. De plus, on ne sait pas non plus si le plagiat a été commis par le chercheur lui-même ou par une ou un membre de son équipe de recherche qui aurait rédigé la demande de subvention, auquel cas, le chercheur a endossé la responsabilité en son titre de chercheur principal. La situation n’est pas aussi transparente qu’elle pourrait l’être.

Lectures suggérées pour éviter les jugements à l’emporte-pièce

Sources

Greenberg, Susan H.  UNC Vice Chancellor for Research Cited for Plagiarism. Inside Higher Ed.  10 mars 2022.

Greenberg, Susan H. UNC Vice Chancellor Resigns Following Plagiarism Finding. nside Higher Ed.  11 mars 2022.

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Sonia Morin

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