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L’équité, la diversité et l’inclusion (ÉDI) s’opposent-elles à l’égalité et au mérite?

Qui peut être contre la vertu et, plus spécifiquement, qui pourrait penser que davantage d’inclusion risque de nuire au milieu universitaire? C’est pourtant un argumentaire dissident que l’on voit poindre peu à peu…

Rien de nouveau: chaque fois que des efforts d’ouverture vers des groupes marginalisés se présentent, il est des partisans d’un certain élitisme pour s’inquiéter de ce que ces efforts se fassent au prix du choix des personnes les plus qualifiées, le plus souvent des membres d’une majorité privilégiée.

Nous avions évoqué un cas américain en octobre dernier, mais l’exemple suivant est canadien.

Patanjali Kambhampati, professeur au Département de chimie de l’Université McGill de Montréal, est originaire de l’Inde et a grandi aux États-Unis. Ce spécialiste des lasers super rapides pense que ses chances d’obtenir les fonds ont disparu après qu’il ait répondu à une ligne de la demande de subvention où on lui suggérait d’embaucher du personnel en fonction de considérations liées à la diversité et à l’inclusion. Selon lui, son erreur a été de soutenir qu’il embaucherait au mérite tout assistant de recherche qualifié, quelle que soit son identité. [traduit avec www.DeepL.com/Translator]

We will hire the most qualified people based upon their skills and mutual interests” ( « Nous embaucherons les personnes les plus qualifiées en fonction de leurs compétences et de leurs intérêts mutuels. »), a-t-il écrit dans la demande.

Sa demande pour une subvention de 450 000 $ au CRSNG (Conseil de la recherche en sciences naturelles et génie) a été refusée parce que « les considérations relatives à l’équité, la diversité et l’inclusion [ÉDI] dans la demande ont été jugées insuffisantes » ( “the Equity, Diversity and Inclusion considerations in the application were deemed insufficient”). C’est la seconde fois qu’il se voit refuser une subvention à partir de ce critère au niveau bureaucratique (avant l’évaluation de la demande par les pairs).

Le professeur Kambhampati, qui affirme avoir été lui-même victime de racisme tout au long de son parcours scientifique et citoyen, estime désormais que l’utilisation croissante par le gouvernement des dispositions relatives l’ÉDI, ainsi que la culture woke, « tuent l’innovation, nuisent à la science et perturbent la société ».

« Je pense que ce qui s’est passé, c’est que les wokes et les guerriers de la justice sociale ont avancé un argument moraliste de la même manière que la droite religieuse le faisait. Et maintenant les gens ont peur de les défier. Mais je pense qu’il est normal de dire que le fait de croire en l’égalité est une position moralement valable. Je crois que la méritocratie est une position moralement valable. »

[traduit avec www.DeepL.com/Translator]

Selon lui, « [e]n tant que scientifiques, nous ne croyons pas à l’ÉDI. Nous croyons au mérite, à la justice et à l’égalité. Vous devez être justes dans vos procédés et traiter les gens comme des égaux. »

Il considère que ses propres expériences de discrimination l’ont amené à traiter les individus de manière égalitaire et juste:

« Les gens font des choses différentes. Ils ont des capacités différentes. Ils ont des intérêts différents », a-t-il dit. « Pour moi, le tout est de traiter les gens comme des individus, alors c’est ce que je fais dans ma vie. Ma façon de faire face au racisme, ou au sexisme, ou à tout autre ‘isme’, c’est de traiter les gens en tant qu’individus. »

« J’ai mentoré des personnes issues de groupes minoritaires. J’ai été le mentor de femmes. Je suis moi-même issu d’une minorité provenant du tiers monde. Et j’ai été le mentor de personnes qui ont des maladies terribles. J’ai été le mentor de personnes qui sont LGBTQ, et pour aucune autre raison que celle de traiter les gens comme des égaux.  Certains membres de mon groupe de recherche sont des hommes blancs et hétérosexuels. Ne dois-je pas les encadrer de la même manière que les autres? C’est ce qui est sous-entendu. Je ne peux pas faire ça en mon âme et conscience. » [Traduit avec www.DeepL.com/Translator]

Que l’on soit d’accord ou non avec la position du professeur Kambhampati, il nous apparaît surtout important ici de prendre acte de cet argumentaire et d’être prêt à lui répondre lorsque certaines voix s’élèveront pour critiquer différentes mesures visant à favoriser l’ÉDI.  On pourrait aussi choisir d’examiner si et, le cas échéant, en quoi de telles mesures pourraient conduire aux dérives dont s’inquiète le professeur Kambhampati.  Y aurait-il moyen de s’assurer d’un juste milieu entre équité et égalité? Entre inclusion et mérite? 

Source: Higgins, Michael, « Minority professor denied grants because he hires on merit: ‘People are afraid to think’ », The National Post, 24 novembre 2021

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Jean-Sébastien Dubé

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