Pédagogique Point chaud / en émergence

Conférence de Guy Rocher sur l’avenir de l’université

Le 15 septembre dernier, dans la mouvance de la planification stratégique, l’Association des professeurs et professeures retraités de l’Université de Sherbrooke (APPRUS) a invité le sociologue Guy Rocher à prononcer une conférence sur le thème L’université aujourd’hui et demain : quels défis ? La communication de celui qui fût l’un des pères du système d’éducation québécois moderne s’est articulé autour de la notion de « distance » qu’il a décliné en cinq axes:

  1. Distance entre étudiants et professeurs: Le seul fait que Rocher juge nécessaire de rappeler certains truismes montre bien qu’ils ne sont peut-être plus des évidences pour ce  monde universitaire qu’il observe: « Les étudiants sont au centre de la vie universitaire » et « l’important pour l’enseignement est de susciter chez eux la curiosité », parce que « la curiosité, c’est ce qui reste », rappelle-t-il.  Si, pour lui, la démocratisation de l’enseignement universitaire est une conséquence positive de la Révolution tranquille, le nombre important d’étudiants obligent les professeurs à d’avantage d’« imagination pédagogique » pour intégrer des méthodes plus actives à la leçon magistrale (dont il voit l’utilité).  Il déplore le fait qu’il manque de lieux pour échanger entre enseignants« sur la pédagogie universitaire (alors que la pédagogie collégiale a sa revue).  Il constate qu’il n’y a « pas de cote d’amour » pour la pédagogie chez les professeurs d’université, du moins pas collectivement, alors que ceux-ci « préfèrent enseigner au doctorat ».  Institutionaliser davantage la pédagogie universitaire (mais le faire dans un esprit de collégialité) lui apparaît donc comme un premier défi de l’université.
  2. Distance entre collègues: Ici, Rocher considère l’interdisciplinarité (dans un échange où toutes les disciplines seraient sur un pied d’égalité) comme un second défi, surtout compte tenu des structures universitaires très disciplinaires.
  3. Distance entre enseignement et recherche: S’il croit que le modèle du professeur qui combine à la fois enseignement et recherche demeure valide, Rocher constate qu’il est exigeant et qu’il fait l’objet d’une certaine rigidité au moment des promotions.  Il souhaite plus de souplesse et des modèles variables, selon les dispositions des individus.  Après tout, rappelle-t-il, il y a différentes époques dans une carrière universitaire et il y a des années où un professeur investit davantage dans l’enseignement et d’autres où il se consacre à sa recherche.  Il constate que ses jeunes collègues sont souvent obligés de justifier les années où ils ont moins publié…
  4. Distance entre administrateurs et communautés universitaires: Rocher admire les administrateurs d’arriver à naviguer entre les préoccuations des politiques, entrepreneurs et donateurs.  Il constate que les communications doivent toujours être refaites avec la communauté parce qu’il y a perte des liens…  Il souligne l’importance du rôle de la syndicalisation dans le milieu universitaire et encourage les directions à entrer en dialogue avec les syndicats, leur faisant jouer une rôle critique positif.
  5. Distance entre valeurs de l’université et réalités de la modernité:  Pour Rocher, l’université est le berceau de la modernité, mais celle-ci lui a échappé.  L’université a donc la responsabilité de maintenir son rôle critique face à ce golem qui s’est déchaîné et à ses dérives.

M. Rocher a conclu en expliquant que les défis de l’avenir consistait à gérer ces distances.  Il a évoqué une sixième distance, soit celle entre société et université et a ouvert la période de question sur ce sujet. 

Notons qu’il a accordé une entrevue à l’émission Estrie Express sur les ondes de Radio-Canada, mais il semble que la conférence ait été enregistrée.  Si l’enregistrement devient disponible nous mettrons ce billet à jour.

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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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