Pédagogique Point chaud / en émergence

Ce que révèle l’analyse de politiques universitaires sur l’intégrité académique

Deux professeures canadiennes, Brenda M. Sotesz (Université du Manitoba) et Sarah Elaine Eaton (Université de Calgary), ont effectué une analyse qualitative de 45 documents réglementaires portant sur l’intégrité académique provenant de 24 institutions universitaires publiques du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.  Elles ont extrait les contenus des documents selon cinq éléments clés que devrait contenir toute politique sur l’intégrité académique digne de ce nom : accès, détail, approche/responsabilité et soutien (access, detail, responsibility/approach, support).

Accès (l’endroit où est accessible le document et sa facilité de repérage, le type de document, (politiques, directives, règlements, codes d’honneur…), les dates d’adoption et de révision, le cycle des révisions/mises à jour)  Si la majorité des documents (82%) comprenaient une date d’adoption, seulement 36% mentionnaient une révision.

Détail (les différentes formes de fraude académique et leur catégorisation)  Sans surprise, la plus fréquente forme de fraude est le plagiat. 

Approche/responsabilité (le titre, les principes, les personnes visées)  Vingt titres des documents étaient formulés de manière négative (malhonnêteté, inconduite, discipline, plagiat); 21 titres contenaient les mots intégrité, conduite et responsabilité; les autres étaient une combinaison de mots positifs et négatifs.  Des 13 principes répertoriés quatre sont apparus fréquemment  : sanction, intégrité/valeurs/standards académiques, équité dans le processus de traitement d’une allégation et éducation.  La réglementation vise différents publics cibles, parfois plus d’un dans le même document réglementaire. La plupart des documents faisant état des délits académiques commis par les étudiantes et étudiants, on comprend que ces derniers sont le public cible de la réglementation analysée.  Dans la majorité des documents, la responsabilité des étudiantes et étudiants consiste à apprendre et à comprendre les différentes formes de fraude académique et comment elle sera traitée alors qu’on stipule que la responsabilité des enseignantes et enseignants réside dans la confrontation des étudiantes et étudiants à leur fraude et dans la formulation d’une plainte dans les cas de fraude observée.

Soutien (les divers outils a) à l’intention des étudiantes et étudiants : ateliers, modules en ligne, campagnes de sensibilisation, ressources pédagogiques et ressources disciplinaires et b) à l’intention du personnel enseignant : ateliers, modules en ligne, campagnes de sensibilisation, ressources pédagogiques pour la promotion de l’intégrité académique et/ou la conception de modalités d’évaluation et ressources disciplinaires)  Dans 41 documents (sur 42), le soutien offert aux enseignantes et enseignants était en lien avec le processus disciplinaire et seulement 4 mentionnaient également du soutien pédagogique.  Dans 38 documents, le soutien offert aux étudiantes et étudiants concernaient le processus disciplinaire et 11 contenaient des références à des outils de nature plus éducative.

Cette étude permet de dire que la majorité des documents analysés…

  1. adoptent sur une approche punitive de la fraude académique et ce, même quand le titre fait référence à l’intégrité académique et
  2. reposent sur la prémisse que les délits académiques sont attribuables à un manque de sens moral chez les étudiantes et étudiants. 

Enfin, tous les documents affirment l’importance que l’institution accorde à l’intégrité académique et à la nécessité pour tous d’en faire une responsabilité partagée mais, dans les faits, il est parfois difficile de trouver les documents règlementaires en question et la responsabilité de développer une culture de l’intégrité académique repose essentiellement sur des moyens et non sur des personnes.

L’intérêt de cette recherche réside dans la conviction des auteures que l’intégrité académique est un enjeu pédagogique.  Elles croient en la sanction des cas de fraude académiques avérés, mais elles considèrent également qu’il est important pour les enseignantes et enseignants de comprendre comment les étudiantes et étudiants apprennent et d’identifier les facteurs qui favorisent leur apprentissage afin de choisir des méthodes pédagogiques et des modalités d’évaluation à l’avenant.  Finalement, les auteures insistent sur l’importance d’offrir aux enseignantes et enseignants du soutien pédagogique pour encourager le développement de leurs compétences en pédagogie universitaire.

Source

Stoesz, B.-M. et Eaton, S.-E.  Academic Integrity Policies of Publicly Funded Universities in Western CanadaEducational Policy – Sage Perspectives – Sage Journals.  23 décembre 2020, p. 1-20.  https://doi.org/10.1177/0895904820983032

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Sonia Morin

2 Commentaires

  • Merci Sonia, voilà une recherche bien intéressante. Le défi est de mettre en place une approche adéquate alors que les comportements sont variés et leurs causes également. L’équilibre pédagogique/punitif reste imparfait actuellement, ici comme ailleurs à ce que je comprends.

    • Très juste, pour l’imperfection. Mais je sens que le vent tourne et que la cohabitation entre le punitif et le pédagogique est en train de se faire. Il y a au moins 10 ans que les spécialistes de la fraude académique répètent que la solution à ce problème est pédagogique, tout en reconnaissant la nécessité de sanctionner les cas avérés. Je suis encouragée par les avancées du pédagogique dans ce dossier.

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