Compétitive Pédagogique

Améliorer les cours d’intro en grands groupes

Les cours d’introduction (Psycho 101, etc.), ces mal-aimés… Groupes importants (plus de 50, voire plus de 100 personnes), étudiants de première année (parfois de première génération) de provenance et de niveaux différents, enseignement le plus souvent magistral, examens à choix multiples, etc.

Par ailleurs, ces cours d’intro poursuivent parfois plusieurs objectifs difficilement réconciliables: faire connaître les grandes lignes d’une discipline à certains étudiants, servir de cours complémentaires pour d’autres, aller en profondeur sur certains aspects et développer la réflexion critique pour un troisième groupe. Plusieurs enseignants s’entendent pour dire que de tels cours sont souvent démotivants, puisque les étudiants y apprennent relativement peu (et essentiellement par coeur)… Ces mêmes enseignants les trouvent difficiles à donner.

Un article du Chronicle of Higher Education explique pourquoi et comment l’Université du Michigan a décider de les réformer par le biais d’un programme ambitieux:

That’s why the university started the Foundational Course Initiative, a $5-million project to reform about 30 large-enrollment courses, affecting about 80 percent of undergraduates. While only 1 percent of the undergraduate courses offered at Michigan enroll more than 200 students, they account for one-third of all credit hours. No other set of classes has such a large impact on the undergraduate experience. […]

The Foundational Course Initiative is in its second year of a five-year plan, and professors say the process has sparked wide-ranging conversations among faculty members, something that had not happened before. So far professors representing 11 courses from a variety of disciplines, including movement science, film, public health, math, and physics, have agreed to participate in a three-year course-reform process… 

Avec le soutien de conseillers pédagogiques et d’analytiques de l’apprentissage – l’avantage des grands groupes, c’est que les résultats de sondages peuvent être significatifs… – , les enseignants de ces cours ont essayé plusieurs stratégies pédagogiques pour améliorer les cours d’introduction en grands groupes. Certains étaient inconfortables avec l’intervention des conseillers pédagogiques, mais on leur a bien fait comprendre que le rôle de ceux-ci étaient essentiellement d’aider à diagnostiquer les problèmes de manière rigoureuse, puis d’aider à implanter les solutions que les enseignants voudraient bien essayer. Parmi ces tentatives d’améliorations, on trouve le fait de…

  • considérer ces cours comme un responsabilité commune du département puisqu’ils servent de “porte d’entrée” vers les autres cours;
  • réunir ensemble plusieurs enseignants, des diplômés qui sont assistants d’enseignement, des étudiants qui connaissent bien le cours pour discuter de ses forces et de ses faiblesses;
  • changer sa conception de l’enseignement d’un paradigme transmissif à un paradigme plus actif (“…move away from thinking of teaching as imparting disciplinary knowledge and toward a broader conception of learning: one that is more experiential, active, and intellectually engaging…”);
  • repenser et réorganiser le plan de cours de façon à en expliquer clairement les objectifs et les liens avec le reste du programme;
  • laisser tomber des pans de matière pour en approfondir d’autres;
  • préciser le pourquoi de chaque activité pédagogique, ainsi que la façon dont elle est reliée au reste de la matière;
  • intégrer un outil technologique pour faciliter le travail en équipe [NDLR: on ne spécifie pas lequel…];
  • offrir du mentorat ou des leçons sur les stratégies d’études aux étudiants qui éprouvent des difficultés;
  • développer une trousse d’outils pour les conférenciers invités qui leur indique à qui ils s’adressent et ce que le cours a couvert jusqu’à présent;
  • mesurer l’utilisation que font les étudiants des ressources qui leur sont accessibles en ligne;
  • remplacer les examens choix multiples par de courts textes qui démontrent davantage la compréhension des étudiants;
  • valider le sentiment de confiance en eux des étudiants au début et à la fin du semestre (notamment les étudiants en minorité). Ont-ils l’impression d’être à leur place dans cette discipline? Se sentent-ils accueillis et intégrés par l’enseignant? Comment ces croyances évoluent pendant le semestre?
  • à la fin des cours, demander “Quelles sont vos questions?” plutôt que “Est-ce que quelqu’un a des questions?”

Évidemment, les différents cours n’appliquent pas toutes ces améliorations. Celles qu’ils choisissent correspondent aux impératifs des disciplines et aux diagnostics posés. Cependant, l’initiative a eu le mérite de lancer des discussions sur ces cours et le rôle qu’on veut leur faire jouer au sein des programmes.

Source: McMurtrie, Beth, « Fixing the Courses Everyone Loves to Hate », The Chronicle of Higher Education, 6 décembre 2019

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Jean-Sébastien Dubé

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