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Climat : ça chauffe aussi dans les programmes au secondaire!

Mathieu Gobeil de Radio-Canada rapporte les résultats d’une étude s’intéressant à la présence et au traitement des enjeux climatiques dans les programmes de sciences au secondaire au Canada. Le constat général:

Les programmes de science couvrent bien le fait qu’il y a un réchauffement climatique et qu’il est causé par les humains. Mais, de façon générale, ils ne mettent pas l’accent sur le consensus scientifique et le fait qu’il existe des solutions, explique en entrevue Seth Wynes, le chercheur principal.

Wynes soulève par contre certains éléments problématiques dans les curriculum. D’une part, le fait que les programmes sont parfois basé sur de l’information qui n’est plus à jour, ce qui est mis en relation avec le fait que les refonte de programme sont parfois longues et complexes. Au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, les curriculums datent de 2001 et de 2002.

De l’usage approprié du débat  

L’auteur déplore par contre que certains programmes proposent des débats sur des sujets qui ne devraient plus faire l’objet de débat compte tenu des consensus scientifiques.

Dans les cours de science, les élèves devraient apprendre les faits sur lesquels il y a un consensus scientifique, insiste Seth Wynes.

Les débats sont très sains quand il y a des zones d’incertitude, où les jugements varient. Par exemple, ça a beaucoup de sens de débattre des meilleures politiques à adopter pour combattre le réchauffement, dit-il.

Mais sur le fait qu’il y a un changement climatique, le consensus [scientifique] est tellement fort que ça ne devrait pas être matière à débat dans la classe. Cette question est réglée.

Désinformation

De l’utilisation d’information désuète ou douteuse à la désinformation, la ligne est mince. Du matériel scolaire manitobain proposerait de lire des informations provenant d’une organisation climatosceptique, alors qu’en Ontario, on mentionnerait peut-être trop les effets positifs des changements climatiques sans mettre dans la balance les effets négatifs.

Beaucoup de désinformation circule. Et c’est démontré que lorsque les gens comprennent que les scientifiques sont d’accord sur la question [des changements climatiques], ils sont beaucoup plus enclins à appuyer des politiques pour combattre le réchauffement. C’est la même logique pour les solutions. Si vous ne croyez pas qu’il existe des façons de combattre le changement climatique, il est peu probable que vous passerez à l’action, dit M. Wynes.

Le programme québécois présente des lacunes

Le gros problème, c’est l’évaluation ministérielle, renchérit Marie-Danielle Cyr, qui a écrit plusieurs manuels de science au secondaire et qui enseigne dans le réseau depuis 25 ans.

L’évaluation est essentiellement faite de questions à choix de réponse et d’une analyse d’un objet technologique, dit-elle.

La réforme était là pour développer l’approche par compétences. L’intention première était vraiment bien. Tous les domaines scientifiques sont regroupés dans un même cours pour être capables de faire des liens, entre, par exemple, ce qu’on apprend en chimie et les problématiques environnementales, poursuit Mme Cyr.

Sources : 

Gobeil. M. 2019. Des données périmées dans l’enseignement des changements climatiques au secondaire. Radio-Canada. 26 septembre.

Pour consulter l’étude:  Wynes S, Nicholas KA. 2019. Climate science curricula in Canadian secondary schools focus on human warming, not scientific consensus, impacts or solutions. PLoS ONE 14(7): e0218305. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0218305

 

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Véronique Bisaillon

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