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Les écoles de gestion françaises envisagent l’ubérisation de leurs enseignants-chercheurs

Associer ubérisation et enseignants-chercheurs est pour le moins intrigant, voire choquant.  Pourtant, il semblerait que certains dirigeants d’écoles de commerce françaises souhaitent que leurs enseignants-chercheurs s’ubérisent.

Raisons d’ubériser

  • Comme les écoles de commerce doivent s’autofinancer, les coûts de fonctionnement sont une préoccupation constante. Or l’embauche d’enseignants permanents est devenue une dépense qui s’est ajoutée au budget général des écoles de commerce au moment où les organismes d’accréditation ont rendue la recherche académique obligatoire au début des années 2000.
  • L’internationalisation des programmes exige parfois de recruter ponctuellement des enseignants-chercheurs, soit pour les envoyer en mission, soit pour inviter des « stars » à venir animer un séminaire, codiriger un projet de doctorat… Pour certains enseignants-chercheurs, c’est une occasion d’arrondir leurs fins de mois; pour les détenteurs d’un PhD, c’est l’occasion d’enrichir leur CV…
  • Le dernier facteur qui pousse à l’uberisation est d’ordre sociétal. Le travail indépendant correspond aujourd’hui à une demande d’autonomie. La possibilité de fractionner le travail « à la tâche » (gig economy) offre une multiplicité de choix aux consultants et enseignants pour structurer leur activité professionnelle indépendamment d’une relation salariale à une école.

Freins à l’ubérisation

  • La réglementation concernant la délivrance d’un diplôme de maîtrise reconnu par l’État exige que 50 % des cours aient été donnés par des professeurs permanents.
  • Une des exigences des agences d’accréditation consiste à ne prendre en compte dans l’évaluation des écoles de gestion que les articles signés par des professeurs permanents.
  • Enfin, le dernier frein, et certainement le plus fort, est celui de la perte d’identité. Comment en effet développer une identité forte et un savoir spécifique sans professeurs permanents attachés à l’institution ? Bref, comment « faire école » avec uniquement des vacataires uberisés ? C’est ici qu’on retrouve la spécialisation des établissements en fonction de leur public.

L’auteur de la dépêche conclut en posant les deux options qui s’offrent aux enseignants-chercheurs :

  1. devenir des chercheurs reconnus au plan international pour justifier leur traitement

ou alors

  1. devenir d’excellents pédagogues capables de développer des cours innovants et de coacher des équipes d’enseignants vacataires ubérisés.

Qu’en est-il d’une éventuelle ubérisation des écoles de gestion québécoises?

Source: Alboury, Michel.  Business schools : en route pour l’ubérisation des enseignants-chercheurs? The Conversation. 26 août 2019.

 

 

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Sonia Morin

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