Cycles supérieurs Point chaud / en émergence

« Un logiciel de détection a refusé mon manuscrit. »

Soumettre un manuscrit pour publication est une expérience qui peut s’avérer troublante, décourageante, voire traumatisante, à laquelle il faut désormais ajouter un autre facteur aggravant : la crainte de voir son manuscrit refusé en raison d’un haut taux de similitude signalé par un logiciel de détection de similitude dans le texte.

Une dépêche antérieure sur le sujet avait mis en lumière que certains éditeurs se fient sans analyse aux résultats d’un logiciel de détection.  C’est ce qu’a vécu un chercheur français en psychologie (Jean-François Bonnefon).  Il a relaté son expérience sur son fil Twitter, fil qui s’est emballé du fait qu’un grand nombre d’autres chercheurs ont révélé des expériences similaires.  Ont également contribué à l’emballement du fil les éditeurs de certaines revues qui se défendaient de filtrer les manuscrits uniquement à l’aide d’un logiciel de détection de similitudes.  Mais le recours à des outils technologiques pour détecter les similitudes est une option qui prendra de l’ampleur à mesure qu’ils se perfectionneront.  Selon Diana Kwon,

[s]everal large publishers, such as Elsevier and Springer Nature, have started to test more complex, artificial intelligence tools to help support the peer review process, such as by identifying statistical issues or summarizing the paper by pinpointing its main statements. “These will turn out to be useful editorial tools,” Pulverer writes. “But [they] most certainly should not replace an informed expert editorial assessment, let alone expert peer review.”

Il n’en demeure pas moins que la publication scientifique est, pourrions-nous dire, en mutation (ou en crise, diraient certains).  Parmi les facteurs occasionnant cette crise, on peut pointer la multiplication des publications (en accès libre ou pas), qui a décuplé les occasions de « similitude ».  Il devient difficile d’écrire quelque chose qui n’a pas déjà été écrit, et souvent bien écrit  Et pensons à l’ombre de l’autoplagiat qui plane sur chaque auteur de plusieurs communications (articles, demandes de subventions, conférences…) sur son sujet de recherche et qui l’oblige à réécrire ad nauseam sa problématique, sa revue de littérature, sa métho…  

Source

Kwon, Diana.  Journal’s Plagiarism Detectors May Flag Papers in ErrorThe Scientist.  25 juin 2019.

 

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Sonia Morin

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