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Les revers des MOOC documentés dans Science

Après avoir étudié 12.67 millions d’inscriptions à des cours en ligne gratuits d’EdX par 5.63 millions d’apprenants de 2012 à 2018, les chercheurs Justin Reich (directeur) et José A. Ruipérez-Valiente (post-doctorant) du Laboratoire des systèmes d’enseignement du Massachusetts Institute of Technology arrivent à la conclusion que…

“…[A]fter promising a reordering of higher education, we see the field instead coalescing around a different much older business model: helping universities outsource their online masters degrees for professionals”

Trois indicateurs sont révélateurs:

  • Peu de cours complétés: On en avait une idée, mais les chiffres sont accablants.  Seuls 6 % des participants à un cours avaient complété leur formation en 2013-2014, contre 3,13 % l’an dernier.  Même parmi les participants ayant payé pour des cours “vérifiés”, 46 % ont complété les cours en 2017-2018 contre 56 % en 2016-2017.
  • Inefficaces pour démocratiser la formation: En 2017-2018, deux tiers des étudiants provenaient de pays avec un “très haut” développement humain.  Seuls 1,43 % provenaient de pays avec un “faible” développement humain.
  • Faible “taux de retour”: Parmi 1,1 million d’étudiants inscrits pour la première fois en 2015-2016, seulement 12 % étaient à nouveau inscrits l’année suivante. Ce déclin perdure depuis la seconde année du programme (de 38 % en 2012-2013 à 7 % en 2016-2017).

Les auteurs rappellent qu’il y a un problème de base avec l’idée que l’on puisse joindre de nouveaux apprenants grâce aux MOOC: « less traditional consumers – potential students from less well-off families, especially families with no history of attending higher education – since research shows they typically perform worse in online courses and most need human support in the form of tutors and peer learning groups. »

Enfin, si cela était nécessaire, trois nouvelles relatives au même sujet confirment le changement d’orientation que prend ce secteur vers la formation professionnelle en ligne:

  • En octobre dernier, EdX est devenu le dernier fournisseur important de MOOC à s’associer à d’autres universités pour créer des programmes de maîtrise entièrement en ligne.
  • En décembre 2018, à la suite de Coursera et de Udacity, EdX a commencé à installer des verrous d’accès payants (paywall) pour accéder à certains contenus.
  • Le 17 janvier 2019, Coursera a annoncé 100 nouveaux cours, 30 nouvelles spécialités et deux maîtrises en lien avec la santé publique afin de “address the acute shortage of skilled workers in the health industry and meet the demands of a digital health economy”.

La conclusion de Reich et Ruipérez-Valiente mérite d’être méditée, nous semble-t-il:

New education technologies are rarely disruptive but instead are domesticated by existing cultures and systems. Dramatic expansion of educational opportunities to underserved populations will require political movements that change the focus, funding, and purpose of higher education; they will not be achieved through new technologies alone.

Sources:

Agence Science-Presse, « Les décrocheurs des cours en ligne », (site Web de l’Agence),  21 janvier 2019

Lederman, Doug, « Why MOOCs Didn’t Work, in 3 Data Points », Inside Higher Education, 16 janvier 2019
ReichJustin et José A. Ruipérez-Valiente, « The MOOC pivot », Science, 11 Jan 2019:
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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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