Cycles supérieurs

Recours à un logiciel de traduction en ligne et à un service de correction par les étudiants internationaux = plagiat?

Les logiciels de traduction en ligne, comme Google Translate et Deepl, sont aujourd’hui très performants, au point que parfois le texte traduit n’a pratiquement pas besoin d’être retouché.  C’est particulièrement vrai pour des traductions vers la langue anglaise.

Un administrateur a posé sur la liste de SAPES l’été dernier la question suivante (traduite par Deepl et retouchée) :

l’un ou l’autre de vos établissements dispose-t-il d’une réglementation autorisant des étudiants dont la langue maternelle n’est ni l’anglais, ni le français à rédiger un essai de recherche dans leur langue première et à soumettre leur texte à Google Translate ou un équivalent avant de remettre leur essai officiellement ?

Après vérification, l’administrateur en question m’informe qu’il n’a reçu qu’une réponse lui confirmant qu’une université canadienne avait confié à son centre de soutien à la rédaction universitaire le mandat de lui faire une proposition de règlement qui stipulerait que le recours à un logiciel de traduction constitue un délit de nature académique.  Lui-même a demandé à sa propre institution d’adopter la même approche.

Un article dans le Chronicle of Higher Education, signé par Dianne Loyet, s’est penché sur l’utilisation de Google Translate par les étudiants internationaux après avoir observé les deux usages suivants :

  1. avoir fait traduire un travail qu’ils avaient d’abord rédigé dans leur langue maternelle avant de le remettre;
  2. avoir fait traduire dans leur langue maternelle un article suggéré afin d’en faire une lecture approfondie.

Loyet énonce quelques questions concernant l’admission et l’inscription d’étudiants internationaux ne parlant pas l’anglais dans des programmes aux États-Unis :

  • “To what extent are they required to read assigned texts in English, rather than in other languages?”
  • “To what extent are they required to write their own original texts in English as opposed to writing them in another language and then having them translated, whether by a person or a machine?”
  • “To what extent are they required to speak about assigned texts or their own work in English?”
  • “To what extent is it acceptable for students to cite works written in a language which their professors or teaching assistants do not understand?”

S’il est possible d’encadrer la rédaction et la communication orale, il est à peu près impossible de le faire pour la lecture.

Loyet recommande à ses étudiants internationaux de recourir au service institutionnel de soutien à la rédaction universitaire.  Mais une autre question surgit alors : jusqu’où va le service d’aide aux étudiants internationaux qui maîtrisent mal la langue dans laquelle ils doivent produire leurs travaux ?  Certains avancent qu’il pourrait s’agir de plagiat.  Claire Shaw rapporte dans un article de 2014 du journal The Guardian comment Judy Carrol, une spécialiste de renommée internationale en matière de plagiat (aujourd’hui à la retraite), examine le recours à un service de correction de texte dans une perspective d’éventuelle tricherie :

“I define cheating as students seeking an unfair learning advantage. If a student is saying, ‘Give me credit because I can write grammatically correct and error-free text’, then the student is misleading the assessor and seeking an unfair learning benefit as it isn’t their skills and their learning that is being judged.

“If the student is submitting ideas, arguments, original work, research, etc. for credit (so, content not text), then using a proofreader seems a very useful thing.”

Il n’en demeure pas moins que l’utilisation d’un logiciel de traduction et le recours à un service de correction par des étudiants internationaux nous invitent à faire preuve de jugement, d’ouverture, de rigueur et de… pédagogie.  Mais plus encore, il s’agit de nous assurer que les étudiants internationaux que nous admettons et qui s’inscrivent dans nos programmes puissent parler, lire, écrire et réussir en français.

Enfin, il n’y a pas que les étudiants internationaux qui ont recours à des services de correction et de révision de textes…

Sources

Loyet, Dianne.  What I Learned When My Students Used Google Translate.   The Chronicle of Higher Education.  8 avril 2018.  Accès en ligne limité aux abonnés.

Woollard, Jessica.  “Les étudiants qui font réviser leurs travaux sont-ils des tricheurs?“,  Affaires universitaires.  25 août 2017.

Shaw, Claire. International students are turning to proofreading agencies to get support.   The Guardian.  9 avril 2014.

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À propos de l'auteur

Sonia Morin

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