Pédagogique

Aspects positifs de l’échec pour l’apprentissage : mise en garde

Dans un article d’Affaires Universitaires intitulé Le danger de la glorification de l’échec dans le milieu universitaire, la professeure Jessica Riddell de Bishop’s University met en garde contre un engouement récent pour la valeur de l’échec pour l’apprentissage (un sujet que nous avons déjà couvert sur l’Éveilleur et dans notre bulletin).

Il existe un certain discours dans divers milieux qui valorise les échecs et les erreurs comme des occasions d’apprendre. Depuis quelques années, ce discours gagne le milieu universitaire. Sans l’invalider complètement, la professeure Riddell nuance ce discours avec quelques mises en garde : « L’échec est un aspect essentiel de l’apprentissage. Néanmoins, en normalisant l’échec sans examiner le système dans lequel il survient, nous pourrions causer plus de tort que de bien. »

D’abord, elle explique qu’on ne peut pas demander aux étudiants d’accepter leurs échecs et d’en parler ouvertement si les professeurs ne sont pas prêts à le faire eux-mêmes.

Il ne faut pas non plus en faire un portrait triomphant qui ne reflète pas sa réalité : l’échec peut avoir un coût personnel, il peut encourir des risques professionnels, et entraîner des conséquences tangibles. Valoriser les bons côtés de l’échec doit se faire dans un cadre adéquat et en reconnaissant ses limites pour que les bénéfices soient au rendez-vous sans exacerber ses inconvénients.

Elle mentionne aussi que le « droit à l’échec » n’est pas le même pour tous. L’échec peut être plus néfaste si l’on fait partie d’un groupe de personnes qui est plus sujet à des préjugés ou à de la discrimination, que si l’on fait partie d’un groupe majoritaire peu soumis à la discrimination. À défaut de le reconnaître et de tenter de corriger ces iniquités, on risque de les laisser se perpétuer.

Pour elle, avant de faire la promotion des gains que l’on peut tirer de ses échecs passés dans le milieu universitaire, il faudrait que divers systèmes institutionnels soient revus pour ne pas pénaliser ceux qui ont justement eu un parcours atypique comportant des échecs. Quel jeune professeur osera dévoiler ouvertement ses échecs passés, s’il n’a pas l’assurance que son embauche ou son évaluation n’en seront pas affectées négativement? Quel étudiant se sentira libre de prendre des risques si son passage aux études supérieures ou sur le marché du travail peut en être compromis? En décourageant la prise de risques, certains systèmes actuels valorisent peut-être plutôt la conformité que l’innovation et l’ouverture.

À terme, s’il est important de redonner à l’échec une place importante et explicite dans l’apprentissage, il ne faut pas pour autant le glorifier et il est important de ne pas envoyer de messages contradictoires en le pénalisant lourdement dans les faits malgré un discours d’ouverture.

Source

Riddell, Jessica (2018) Le danger de la glorification de l’échec dans le milieu universitaire. Affaires universitaires. 2018-08-08

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