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La « montée de la fragilité » ou le mal-être des étudiants

Radio-Canada fait un portrait intéressant du mal-être qui semble grandissant sur les campus.

À l’Université McGill, « presque un étudiant sur trois (30 %) souffre d’anxiété, de dépression ou de stress sévère. En fait, il y a tellement d’étudiants en détresse psychologique que les demandes d’aide ont augmenté de 25 % en cinq ans et que l’Université peine à fournir des ressources suffisantes pour y faire face. » Du côté de l’Université de Montréal, la situation est comparable.

L’article est original, car il apporte un éclairage sur ce qui semble un phénomène caractéristique des générations actuelles d’étudiants: la montée de la fragilité.  Le Pr Samuel Veissière de la Faculté de psychiatrie sociale de McGill, anthropologue et spécialiste de la cognition, résume ainsi ce phénomène:

« J’encadre des étudiants en médecine à qui l’on dit dès le départ : “Vous serez anxieux, vous serez en dépression, mais nous vous aiderons à passer au travers” », explique-t-il. « Pour moi, qui étudie l’hypnose, cela ressemble à une suggestion : on invite les étudiants à interpréter leurs expériences et leurs angoisses à travers le prisme de la santé mentale. Autrement dit, conclut le chercheur, on les encourage, d’une certaine façon, à médicaliser des passages à vide bien réels, mais qui pourraient être vécus autrement. »

Cette montée de la fragilité coïncide avec d’autres éléments typiques de cette génération qui est plus exigeante en matière de services psychologiques, qui réclame plus de sécurité et qui est frileuse à la perspective de confronter ses idées, connaissances et croyances.

Or, selon Alain Farah, professeur de littérature à McGill, « [l]es universités peuvent garantir des lieux sécuritaires, mais il faut développer un esprit critique chez les étudiants en préservant un territoire mental libre de censure. On ne peut apprendre aux gens à penser s’ils ne sont pas confrontés dans leurs idées. »

L’article se conclut sur une réflexion de Ryan Golt, un étudiant en psychologie, qui a lui-même vécu un épisode de dépression important dans son parcours au baccalauréat: « Il est important, parfois, de tomber pour comprendre que l’on peut se relever, et je me demande si notre génération a appris à tomber. »

La question de la santé mentale a fait l’objet de deux dépêches distinctes la semaine dernière (voir Un cours sur le bonheur à Yale et Le problème d’anxiété ne toucherait pas que les étudiants… ). Parions que nous aurons l’occasion d’y revenir…

Source :

Dubreuil, Émilie. 2018. « Nous sommes une génération analphabète sur le plan émotif » : le mal-être ravage les campus. Radio-Canada, 26 avril.

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Véronique Bisaillon

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