Cycles supérieurs

Interne: Entente d’encadrement – une solution à la vulnérabilité des étudiants aux cycles supérieurs?

À l’Université Laval, près des trois quarts des étudiants de deuxième et troisième cycles disent s’être déjà sentis vulnérables ou mal à l’aise vis-à-vis de leur directeur de mémoire ou de thèse.

Intimidation, vol d’idées, insultes… [notre emphase] dont la fréquence est de quelques fois pour 58% des étudiants consultés et régulièrement pour 16%.

C’est ce que révèle une consultation réalisée par l’Association des étudiants inscrits aux études supérieures de l’Université Laval (AELIES) auprès de ses membres. La répartition des 1000 répondants (10% des membres) selon les cycles est la suivante : doctorat : 53 %, maîtrise : 47 %.

La situation n’est pas unique à l’Université Laval puisque la protectrice des droits des étudiants de l’Université de Sherbrooke a mentionné dans son rapport annuel 2015-2016 que les demandes relatives à la qualité de l’encadrement aux cycles supérieurs arrivent au 2e rang en terme de fréquence et qu’elles…

ont trait au respect des personnes, aux droits de la propriété intellectuelle des étudiants et à la reconnaissance de leur contribution aux activités de recherche.  Certains de ces cas ont permis de mettre à jour des situations d’inconduite plus graves de la part de certains directeurs et de quelques membres du personnel de recherche mis en cause. La nature de ces inconduites a entraîné la dégradation des relations d’encadrement et un environnement hostile pour les plaignants. Ces situations ont été traitées avec diligence, habileté et discernement par les autorités facultaires concernées. Les mesures prises pour offrir un environnement sain ont permis à certains étudiants de mener leur formation à terme et avec succès.

Finalement, il y a les demandes d’assistance qui concernent les relations interpersonnelles et la formation de qualité. Elles proviennent le plus souvent des étudiants inscrits au doctorat. Elles font référence à des cas de bris de la relation de confiance dans le cadre de la direction de recherche. Les situations soumises surviennent la plupart du temps dans un contexte où les attentes des professeurs sont déçues quant aux compétences de certains étudiants nouvellement recrutés. Cette déception se traduit quelquefois par une diminution de l’intérêt et de la motivation des professeurs à les accompagner dans la formation désirée. En plus de la non-disponibilité du directeur, s’ensuit l’exclusion aux discussions de groupe ou à certains projets pour ces étudiants qui auraient, au contraire, besoin d’un espace de dialogue et d’encadrement. Cette réduction des interactions traduit assurément l’évitement de la relation d’accompagnement.

Mais revenons au sondage réalisé par l’AELIES, qui mentionne qu’il existe à l’Université Laval des ententes d’encadrement entre les directeurs de recherche et leurs étudiants dont le but est de préciser les obligations du professeur et de son étudiant l’un vis-à-vis de l’autre et le cadre des recherches qu’ils mèneront ensemble s’il y a lieu (fréquence des rencontres, financement de la recherche, échéancier, etc.).  Leur utilisation est en voie de généralisation et les réponses au sondage ont permis de constater que, là où elles existent, elles ont un impact positif à la fois sur la relation et sur la progression de la réalisation des travaux de recherche étudiants dans 70% des cas.  La directrice du Centre de prévention en matière de harcèlement (CPIMH), Josée Laprade, qui évoque cette vulnérabilité dans son rapport chaque année, n’est pas étonnée : « S’il y a une base pour discuter, il y a beaucoup moins de facteurs de risques ». 

Cette vulnérabilité, toujours selon Mme Laprade, n’est pas majoritairement de nature sexuelle, mais relèvent plutôt « du harcèlement psychologique, du conflit ou de l’incivilité » et

[b]eaucoup d’enseignants sont inconscients des torts qu’ils peuvent causer aux étudiants, poursuit-elle. « Il y a de l’éducation à faire. Ce n’est pas parce que tu es professeur que tu sais tout. Oui, tu es spécialiste dans ton domaine, tu as ton Ph. D., tu es un chercheur réputé… Ça, c’est une chose. Mais la démarche d’encadrement [d’un étudiant ou d’une étudiante], c’est une relation où l’étudiant est vulnérable vis-à-vis du professeur. Et ça demande énormément de bienveillance, le sentiment que tu dois prendre soin de la personne. On doit rendre les professeurs conscients de ça davantage. »

Ce type d’entente existe également à l’UdeS.  Un sondage tel que celui mené par l’AELIES s’il était mené auprès des étudiants de maîtrise et de doctorat mettrait-il en lumière le même impact positif de leur utilisation? Ce serait vraiment intéressant de le savoir, non?

Source – Porter, Isabelle.  Les tensions prof-étudiant se révèlent à l’Université Laval.  Le Devoir.  10 novembre 2017.

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Sonia Morin

1 commentaire

  • En lisant l’article du Devoir samedi 11 novembre, je me disais, et si on faisait le même sondage à l’UdeS qu’est-ce qui en ressortirait? En effet, ce serait vraiment intéressant de le savoir!

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