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Revues scientifiques trompeuses : une nouvelle liste voit le jour

L’Éveilleur a traité du sujet des revues prédatrices à plus d’une reprise (12 août 2016, 10 janvier 2017 et 18 janvier 2017 et 18 janvier 2017).

La fermeture du site Scholarly Open Access, sur lequel on retrouvait la liste noire établie et entretenue par  Jeffrey Beall, bibliothécaire à l’Université du Colorado à Denver, a créé un vide qui vient de se combler.  En effet, [u]ne entreprise américaine spécialisée en services d’édition, Cabells International, a lancé le 17 juin une liste noire de ce qu’elle appelle les revues savantes « trompeuses ». Offerte exclusivement par abonnement, cette liste vise à remplacer la Beall’s List, une liste des éditeurs prédateurs « potentiels, possibles ou probables ».

Cabells a deux listes : une liste blanche (contenant les revues jugées de bonne réputation) et la Journal Blacklist dont la version originale contient près de 4 000 revues trompeuses. « Puisque le terme “prédateur” est aujourd’hui mal compris, nous l’avons remplacé par “trompeur” », précise Mme Berryman, gestionnaire de projets chez Cabells.

Chaque revue de la liste noire est accompagnée de la liste de ses violations, ce qui permet au lecteur de voir en un coup d’œil pourquoi elle y figure. Certaines raisons sont évidentes (comme le fait d’avoir usurpé le nom d’une revue légitime), et d’autres plus subtiles (comme le manque de politiques entourant la conservation numérique des articles).

L’existence de ces listes et le fait qu’il faille payer pour y accéder sont deux éléments qui irritent plusieurs scientifiques.  C’est le cas de David Moher, professeur agrégé à l’École d’épidémiologie, de santé publique et de médecine préventive de l’Université d’Ottawa, dirige le Centre de journalologie de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et étudie les revues prédatrices depuis trois ans. Il se dit préoccupé par le fait que Cabells impose des frais pour consulter la liste noire. « Dans une culture où le libre accès s’impose à un rythme effréné, il est malheureux de faire payer les gens, soutient-il. Il est peu probable que les bibliothèques universitaires en aient les moyens; elles composent déjà avec des pressions financières. »  Pour Marc Couture, professeur retraité de la TÉLUQ, la subjectivité de la constitution de ces listes pourrait soulever des inquiétudes : certains des critères applicables à ces listes « ne conviennent pas à la réalité des revues de petite taille du milieu des sciences humaines, en particulier si ces critères nécessitent un investissement en temps ou en argent, poursuit-il. La présence d’une petite revue sur une liste noire (de même que son absence d’une liste blanche) doit être prise avec des pincettes ».

Dans tous les cas, il reste que le phénomène des revues prédatrices est réel et qu’il faut s’y attarder, voire s’y attaquer.

Le 16 août 2017, la revue The Scientist publiait un cri du coeur de certains scientifiques : Opinion: We Need a Replacement for Beall’s List.  Je leur ai fait parvenir la référence à l’article d’Alex Gillis en commentaire.

 

Source –

Gillis, Alex.  Une nouvelle liste noire des revues savantes trompeusesAffaires universitaires.  10 juillet 2017.

 

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Sonia Morin

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