Formation continue Pédagogique Point chaud / en émergence

Un point de vue divergent sur l’importance du travail collaboratif

Grand intérêt pour ce texte de Loïc Plé, directeur adjoint responsable de la pédagogie et du développement cadémique, IÉSEG School of Management (campus sur Lille et sur Paris) puisqu’il présente un point de vue que l’on n’entend pas souvent : la remise en question de la tendance à valoriser surtout le travail collaboratif dans les cursus et les milieux de travail, notamment en gestion:

“Il convient donc de questionner ces pratiques collaboratives, et certainement de tempérer le discours ambiant qui, dans le milieu de l’enseignement ou de l’entreprise, tend à en faire un one best way, sorte d’alpha et d’oméga de la créativité, de l’apprentissage et/ou de la réalisation de projets.

Pour caricaturer à l’extrême, « l’on ne saurait être plus créatif (ou performant) que si l’on collabore » semble être devenu un mantra qui ne souffre (presque) aucune contestation.” (Plé, 2017)

Plé explique bien “qu’il ne s’agit en aucune manière de ne pas en reconnaître les avantages, mais qu’il est nécessaire prendre du recul à leur égard, afin d’éviter ou de limiter les déceptions liées à leur usage”.  Pour lui, il s’agit d'”alterner dynamique collective et dynamique individuelle, afin d’accroître les chances d’atteindre les objectifs poursuivis”.  Il mentionne trois facteurs contingents qui suggèrent cette alternance:

  • la temporalité du projet (son niveau d’avancement à travers différentes phases): le travail collaboratif n’est pas forcément pertinent à tous les stades d’avancement d’un projet ou d’un processus d’apprentissage.
  • les types de participants: par exemple, “les personnes introverties ne prenant pas la parole peuvent cependant contribuer de mille autres manières”.
  • et la nature des projets : par exemple, “si un écrivain se nourrit de ses échanges avec une multitude de personnes diverses, il reste in fine seul créateur de son œuvre.”

Il mentionne également “les coûts organisationnels et individuels induits par l’excès de collaboration” présentés dans « Collaborative Overload », un article de Rob Cross, Reb Rebele et Adam Grant publié en janvier-février 2016 dans la Harvard Business Review (que j’ai bien envie de lire).

 

Source:

Plé, Loïc, “Non, la pédagogie et le travail collaboratifs n’ont pas que des avantages !“, The Conversation, 20 juin 2017

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Jean-Sébastien Dubé

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