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DeTao Masters Academy de Shanghai: une entreprise privée qui associe des maîtres internationaux aux universités chinoises

Un article du University World News annonce que la première cohorte de 40 étudiants de la DeTao Masters Academy (DTMA) diplôme en juin 2017.  Les étudiants recevront un diplôme de baccalauréat du Shanghai Institute of Visual Art (SIVA), une institution qui fait partie du système national chinois.  En plus, ils recevront un certificat d’achèvement signé de leurs maîtres associés à la DTMA.  “DTMA is a commercial company set up to work in synergy with Chinese higher education institutions to raise the quality and relevance of their programmes.” (Uvalić-Trumbić, et Daniel, 2017)
Partenariat international public-privé?
 Alors que le SIVA offre la formation de base (et les locaux?), les “maîtres” internationaux de la DTMA (des experts-contenus?) développent des majeures enrichies grâce auxquelles ils partagent les connaissances tacites de leurs domaines respectifs…

At the heart of the DTMA model are some 500 experts, designated as ‘Masters’, who are recruited globally from universities and industry and invited to make regular visits to China. 

The Masters share their knowledge and skills – including the ‘tacit knowledge’ that is key to successful innovation – with Chinese students and professionals. One mechanism for such sharing is a programme of enriched majors, designed by the foreign Masters, that runs alongside the undergraduate programmes of the Shanghai Institute of Visual Art.  (Uvalić-Trumbić, et Daniel, 2017)

L’article explique que l’initiative est née en 2010 dans l’espoir d’amener des talents internationaux à travailler avec les innovateurs chinois.  Le recrutement étudiant débute en 2013 pour deux majeures: design stratégique et innovation, ainsi que animation créative.  8 majeures supplémentaires s’ajoutent en 2014:
  • product design (sustainable furniture design);
  • visual communication design (branding, identity and public space);
  • performance (Spanish guitar);
  • cultural industry management (brand strategy and management);
  • environment design (ecological architecture design);
  • environment design (themed environmental design);
  • fashion and apparel design (fashion, knitwear and sportswear design),
  • art and technology (technoetic arts).
Les maîtres semblent enchantés des conditions d’enseignement et on peut penser que ce partenariat est à l’avantage des 684 étudiants actuellement inscrits… sans déplaire aux autorités chinoises qui ont identifié depuis un moment des lacunes dans les compétences à l’innovation de leurs diplômés.  Les parents et l’industrie seraient aussi ravis.
Assurance-qualité de niveau internationale
L’article insiste longuement sur cette dimension.  Après un processus d’agrément, le Council for Higher Education Accreditation – International Quality Group (CHEA-CIQG) a décrété en décembre 2015 que DMTA était un ‘Quality Platform Provider’, mention qui apparaît sur les certificats remis aux étudiants.  Cette reconnaissance internationale était évidemment cruciale pour le fournisseur privé…
D’après les auteurs, cinq facteurs expliquent cette mention:
  • Les curriculums sont essentiellement développés par les “maîtres” de la DMTA et ils incluent une étude de marché de l’industrie appropriée pour justifier la pertinence du cours, ainsi que les objectifs du programme.
  • De ces objectifs on a dérivé des acquis d’apprentissage (learning outcomes); un plan de cours; une description et une évaluation de cours; un descriptif; des critères d’admissions; un système de notation et des perspectives de carrière.
  • Les cours sont enseignés par une équipe de formateurs et visent à développer un environnement d’apprentissage centré sur l’étudiant, ouvert aux questions et de nature pratique, reflétant des liens serrés avec l’industrie.  La plupart des cours adoptent une approche par projets où le travail d’équipe permet aux étudiants de partager leurs habiletés et différentes perspectives culturelles en vue d’atteindre les acquis d’apprentissage.
  • L’évaluation continue des étudiants via des portfolios, des journaux annuels et des journaux de travail soutient la vérification de l’atteinte des acquis d’apprentissage. L’évaluation repose sur des critères connus et une approche transparente de la correction. Les étudiants obtiennent de la rétroaction sur leur niveau d’atteinte des acquis d’apprentissage et, à leur tour, offrent de l’évaluation du processus d’apprentissage.
  • Le programme avancé correspond à de la formation de niveau postsecondaire alors qu’il s’appuie sur les quatre années requise par le SIVA.
Un mot sur les auteurs…
Sir John Daniel est chercheur associé pour Contact North/Contact Nord en Ontario.  Ancien professeur à Polytechnique Montréal, à la Télé-Université, à Athabasca, recteur de l’Université Laurentienne, dirigeant de la Open University et assistant directeur général à l’éducation à l’UNESCO.  Il a été fondateur et président du Commonwealth of Learning.  C’est un sage reconnu comme tel par d’autres sages, dont Tony Bates.  Je ne connaissais pas Stamenka Uvalic-Trumbic mais elle a dirigé la section pour la réforme, l’innovation et l’assurance qualité en enseignement supérieur à l’UNESCO.  Elle est maintenant conseillère aux affaires internationales de CHEA (US Council for Higher Education Accreditation).
Lorsque des gens de cette trempe attirent votre attention sur un phénomène qui émerge en Chine, on a intérêt à ouvrir l’oeil…  D’autant qu’ils ont tous les deux choisi de devenir “maîtres” en éducation au sein de cette entreprise – ce qui colore forcément leur témoignage.  Le fait que Mme Uvalic-Trumbic soit membre de l’organisation qui a accrédité n’a pas non plus échappé à notre attention…
Uvalic-Trumbic et Daniel semblent croire au potentiel de cette approche pour l’ensemble de la formation supérieure ailleurs dans le monde…

“DTMA has become an important pioneer in the development of Chinese higher education through its demonstration of flexible, student-centred learning with a focus on project work related to the practical application of the subject matter.”

The students are likely to absorb from these international Masters some of the tacit knowledge and understanding of real-world contexts that is essential for achieving holistic innovation in their areas of work.

We believe that this model is relevant to the development of teaching and learning in higher education worldwide…”

Cette idée de mettre l’accent sur le transfert de connaissances tacites nous apparaît importante.  Est-ce possible hors de situations réelles de pratique?
Les auteurs s’interrogent toutefois sur l’évolutivité (scalability) de cette formule alors que la DTMA tente de nouer des liens avec d’autres universités chinoises et que le nombre d’experts internationaux est forcément limité…
Source:  Uvalić-Trumbić, Stamenka et Sir John Daniel, “A model for teaching innovation in higher education worldwide?“, University World Newso 465, 
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À propos de l'auteur

Jean-Sébastien Dubé

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