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Intégrité en recherche : question de confiance et de responsabilité entre les coauteurs d’une publication scientifique

Le nombre moyen de coauteurs d’article scientifiques est en hausse (jusqu’à 10 dans les sciences biomédicales).

Le nombre de rétractions d’articles scientifiques est en hausse (plus de 650 l’an dernier selon The Scientist).

En combinant ces deux informations, on obtient une augmentation de auteurs affectés par les rétractions et un questionnement sur la confiance qui doit prévaloir entre les collaborateurs, notamment chez la chercheuse ou le chercheur principal.  Cette confiance, elle doit exister parce qu’il est impossible de tout suivre, que ce soit dans une équipe d’une même discipline en raison de l’évolution constante des équipements, ou encore dans une équipe multidisciplinaire où l’expertise est propre à chaque collaborateur.   Comme le dit si bien Hanne Andersen de l’Aarthus University : “If we didn’t trust each other, we would need to check everything everyone else did. And if we needed to check everything everyone else did, why collaborate in the first place?”

Si on a fait confiance, cela signifie-t-il pour autant que la responsabilité en cas d’inconduite doit être partagée par tous les coauteurs?

Pour Daniele Fanelli, professeur à Stanford University, qui étudie l’inconduite en recherche, cet enjeu en est un d’ambiguïté quant à ce qu’implique le fait d’être coauteur.   On peut blâmer les institutions universitaires ou de recherche pour l’absence de règles claires à ce sujet mais la présence de réglementation ne garantit pas l’intégrité.

On peut aussi blâmer les comités éditoriaux pour leur manque de transparence sur la nature de l’inconduite en cas de rétraction.   À l’heure actuelle, il est encore souvent difficile de savoir exactement ce qui a été reproché à l’article rétracté.  C’est pour cette raison essentiellement qu’en 2015 le Center for Open Science et le Center for Scientific Integrity (en lien avec Retraction Watch) ont conjointement créé une base de données contenant les articles rétractés.  Cet outil pourrait permettre à des étudiants et des stagiaires postdoctoraux d’identifier les laboratoires ou les chercheurs à éviter…

On peut se demander si la proposition de changer la manière de reconnaître la contribution à un article scientifique en identifiant la nature de la collaboration ne réduirait pas l’impact d’une rétraction du fait qu’il serait alors possible d’identifier le responsable de l’inconduite selon la nature de l’inconduite. (lire Reconnaître les contributions à une publication scientifique)

Il n’y a pas de réponse simple à la question.

Bien sûr, les chercheuses et chercheurs principaux se doivent d’être plus vigilants, d’éduquer les étudiants qu’ils dirigent, de mettre en place des mécanismes de contrôle… Mais il y a, encore et toujours, ce système de reconnaissance en recherche qui pousse à la publication de résultats non seulement nouveaux mais également positifs.

Enfin, il semble que la réhabilitation de chercheuses et chercheurs ayant fait preuve d’inconduite en recherche donne des résultats.  C’est le cas du programme RePAIR, renommée Professionalism and Integrity Program (ou PI Program).   Ce sujet a été traité dans L’éveilleur ici et ici.

Source

Offord, Catherine.  Coming to Grips with Coautor Responsibility.  The Scientist.  1er mai 2017.

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Sonia Morin

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