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Plagiat – Quand nos systèmes nous piègent…

Cette présentation de Teddi Fishman, qui a été directrice de l’International Center for Academic Integrity (ICAI) pendant 8 ans, porte bien son titre : Shaking Things Up :  When What We’ve Always Done has Never Worked, It May be time to Try Something New, car elle n’hésite pas à aborder certains sujets tabous du monde de l’éducation.

Elle commence par présenter l’évolution temporelle des préoccupations du ICAI :

  1. la triche et ses diverses formes,
  2. les travaux demandés et les pratiques enseignantes,
  3. la culture et l’influence des amis, de l’environnement,
  4. le ou les systèmes à l’œuvre dans le monde de l’éducation.

C’est sur ce dernier point que s’attarde Fishman et, prenant appui sur un article de Steven Kerr : On the Folly of Rewarding A While Hoping for B, un article considéré comme un classique dans la gestion académique, elle rapporte que our systems are working against us.  Par exemple, ils récompensent

  • les notes plutôt que la maîtrise de connaissances et le développement d’habiletés,
  • le produit plutôt que le processus,
  • le confort et la sécurité (safety) plutôt que l’audace et le goût d’expérimenter.

Ces systèmes sont ceux de l’admission, de l’évaluation, des concours de bourses… qui sont basés sur les notes, les plus fortes évidemment.

Selon Fishman, force est de constater les impacts des actions mises en place pour contrer le plagiat ne sont pas au rendez-vous.  Pire, some of the things we do to make things better end up making things worse:

  • le succès de la détection des copiés/collés a entraîné le recours à des rédacteurs au noir;
  • la reconnaissance du problème de plagiat a entraîné d’honnêtes étudiants à plagier pour ne pas être lésés par les plagaires qui obtiennent d’excellentes notes. Surtout que even in schools where we do the best job of promoting integrity, the risk of being caught cheating is statistically low.

Il semble bien qu’effectivement, nos systèmes nous piègent dans nos efforts pour bien former nos étudiants.  Mais alors, que peut-on faire pour récompenser les étudiants qui suivent les règles?  Idéalement, il faudrait revoir complètement ces systèmes, ce qui est peu probable, compte tenu de l’inertie qui caractérise le monde de l’éducation.  De manière réaliste, il est possible d’induire quelques petits changements sans grand risque (small low-risk) dans nos pratiques.

Le premier exemple que donne Fishman est le suivant.  We still teach as if the information is “the thing”.  En effet, avant les étudiants venaient à l’université pour que les professeurs, des experts, leur transmettent leur savoir.  Ils devaient mémoriser l’information.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui avec l’explosion des connaissances et l’information accessible comme jamais.  Mais on continue comme si rien n’avait changé.  We need to teach as if identifying and critiquing and using information is /the thing” (because it is). […] The doing something with the information is the critical skill students are going to need , car l’information que nous leur transmettons est vite désuète.  On est ici dans le développement des compétences informationnelles, compétences tellement précieuses pour réussir sur le marché du travail.

Le deuxième exemple concerne la “permission” d’utiliser toutes les sources possibles pour faire un travail : téléphone personnel ou d’un ami, les parents, un ordinateur, des livres…  Le produit final serait le résultat de l’information trouvée dans toutes ces sources, un produit beaucoup plus proche du monde du travail (real world).

Ce que Fishman essaie de faire valoir, c’est qu’il faut trouver des moyens qui n’avantagent pas les tricheurs.  Ce n’est pas aussi simple qu’on peut l’imaginer…  Et elle termine sa conférence en affirmant ceci :

  • One of our most important functions is credentialing… If we can’t assure competency reliably, we won’t be looking to for it.
  • It’s not possible to send a neutral message about integrity as part of the process of education : It’s either important or not

Source

Fishman, Teddi.  Shaking Things Up :  When What We’ve Always Done has Never Worked, It May be time to Try Something New.  Présentation à la Conference 2015 de l’IPPHEAE (Impact of Policies for Plagiarism in Higher Education Across Europe).  Brno, République tchèque.  Mai 2015.

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À propos de l'auteur

Sonia Morin

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