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Comment rédiger un texte scientifique avec intégrité : un guide de l’ORI (Office of Research Integrity)

Soucieux de favoriser la conduite intègre en recherche, notamment en rédaction scientifique, l’Office of Research Integrity (ORI) a publié en 2003 le guide Avoiding plagiarism, self-plagiarism, and other questionable writing practices: A guide to ethical writing, dont l’auteur était Miguel Roig, professeur à la St. John’s University.  Après avoir été révisé une première fois en 2006, le guide a été revu une deuxième fois en 2015.  Le guide de 71 pages est très bien fait : il comprend 28 lignes directrices, illustrées de nombreux exemples, qui portent sur autant d’aspects de la rédaction scientifique, dont la paraphrase, l’identification des sources, la référence aux publications antérieures, l’ordre des auteurs et le droit d’être auteur, les conflits d’Intérêt.   Ce guide permet de répondre à de nombreuses questions que se posent autant les chercheurs que les étudiants, les stagiaires postdoctoraux et les professionnels de la recherche.

Hervé Maisonneuve a publié ce 25 novembre 2016 un billet sur son blogue Rédaction médicale et scientifique portant sur ce guide.  Mieux!  Il en a traduit les 28 lignes directrices, un travail pour lequel je le remercie.  Voici donc les 28 lignes directrices traduites par M. Maisonneuve.

  1. Un auteur éthique reconnaît TOUJOURS les contributions des autres à son travail.
  2. Tout verbatim tiré d’une autre source doit être placé entre guillemets et être accompagné d’une mention indiquant son origine.
  3. Lorsque nous résumons le travail des autres, nous utilisons nos propres mots pour condenser et transmettre les contributions des autres dans une version plus courte de l’originale.
  4. Pour paraphraser le travail des autres, non seulement nous devons utiliser nos propres mots, mais nous devons également utiliser notre propre structure syntaxique.
  5. Que nous paraphrasions ou résumions, nous devons toujours identifier la source de notre information.
  6. Pour paraphraser et / ou résumer le travail d’autrui, nous devons nous assurer que nous reproduisons le sens exact des idées ou des faits de l’autre auteur et que nous le faisons en utilisant nos propres mots et notre structure de phrases
  7. Afin d’être en mesure de faire des modifications substantielles au texte original qui résultent en une paraphrase appropriée, il faut avoir une maîtrise complète de la langue et une bonne compréhension des idées et la terminologie utilisée.
  8. En cas de doute quant à savoir si un concept ou un fait est de notoriété publique, fournir une citation.
  9. Les auteurs d’études complexes devraient tenir compte des conseils présentés par Angell & Relman (1989). Si les résultats d’une étude complexe unique sont les mieux présentés comme un tout unique «cohésif», ils ne doivent pas être divisés en documents individuels. En outre, s’il existe un doute quant à la question de savoir si un article soumis pour publication représente des données fragmentées, les auteurs devraient inclure d’autres documents (publiés ou non publiés) qui pourraient faire partie du document considéré (Kassirer et Angell, 1995). De même, présenter d’anciennes données qui ont été simplement complétées par des points de données supplémentaires et qui sont par la suite présentées comme une nouvelle étude est une violation éthique tout aussi grave.
  10. Les auteurs qui soumettent un manuscrit pour publication contenant des données, des examens, des conclusions, etc. précédemment publiés doivent clairement indiquer aux rédacteurs et aux lecteurs la nature de la publication précédente. La provenance des données ne doit jamais être mise en doute.
  11. Bien qu’il y ait des situations où le recyclage de texte est une pratique acceptable, il pourrait ne pas en être ainsi dans d’autres situations. Les auteurs sont invités à adhérer à un esprit de rédaction éthique et à éviter de réutiliser leur propre texte publié précédemment, à moins que ce soit fait d’une manière qui informe les lecteurs sur la réutilisation ou qui soit conforme aux conventions académiques standards (par exemple, en utilisant correctement des citations et paraphrases).
  12. Dans le domaine des conférences et présentations audiovisuelles sur leur travail, les auteurs devraient pratiquer les mêmes principes de transparence avec leur public.
  13. Outre les pratiques courantes de standards d’intégrité, les auteurs doivent tenir compte des attentes des lecteurs, des questions applicables aux droits de contenu intellectuel (droits d’auteur) et, en particulier, de la nécessité de toujours être transparents lors de la réutilisation des publications.
  14. Parce que certains cas de plagiat, d’auto-plagiat et même de pratiques de rédaction qui pourraient autrement être acceptables (exemple : paraphraser ou citer des éléments clés d’un livre) peuvent constituer une violation du droit d’auteur, les auteurs sont vivement encouragés à se familiariser avec les éléments fondamentaux du droit d’auteur.
  15. Les auteurs sont fortement invités à vérifier leurs citations. Les auteurs doivent toujours s’assurer que chaque citation apparaissant dans le corps du manuscrit correspond à la référence énumérée dans la section des références et vice versa : que chaque source énumérée dans la section des références ait été citée dans le manuscrit. Les auteurs doivent également veiller à ce que tous les éléments d’une citation (par exemple, l’orthographe des noms des auteurs, le numéro de volume du journal, la pagination) soient tirés directement du document original plutôt que d’une citation qui apparaît sur une source secondaire. Enfin, le cas échéant, les auteurs devraient s’assurer que le crédit est accordé aux auteurs qui ont signalé le phénomène étudié pour la première fois.
  16. Les références utilisées dans un document ne devraient être que celles qui sont directement liées à son contenu. L’inclusion intentionnelle de références de pertinence douteuse à des fins telles que la manipulation du facteur d’impact d’une revue ou d’un journal ou les chances d’acceptation d’un document constitue une pratique inacceptable
  17. Toujours citer le travail réel qui est consulté. Lorsque le document publié ne peut être obtenu, citer la version spécifique du matériel utilisé, qu’il s’agisse d’une présentation de conférence, d’un résumé ou d’un manuscrit non publié. S’assurer que le travail cité n’a pas été corrigé ou rétracté ultérieurement.
  18. En général, lorsque vous décrivez le travail d’autrui, ne citez pas un document original si vous avez consulté un résumé secondaire de ce document. Faire cela est une pratique trompeuse, reflète de mauvaises pratiques académiques, et peut mener à une description imparfaite du travail décrit.
  19. Si un auteur doit se fier à une source secondaire (par exemple : un livre) pour décrire le contenu d’une source primaire (par exemple, un article de recherche), il devrait consulter les manuels de style utilisés dans sa discipline pour suivre la convention appropriée. Avant tout, indiquez toujours au lecteur la source réelle de l’information signalée.
  20. Lorsqu’ils empruntent fortement à une source, les auteurs doivent toujours élaborer leur écriture d’une manière qui précise aux lecteurs quelles idées / données sont les leurs et lesquelles sont inspirées des sources consultées.
  21. Le cas échéant, les auteurs ont la responsabilité éthique de déclarer des preuves allant à l’encontre de leur point de vue. En outre, les preuves que nous utilisons à l’appui de notre position doivent être méthodologiquement solides. En citant des études de soutien qui ont de lacunes méthodologiques, statistiques ou autres, ces faiblesses doivent être signalées au lecteur.
  22. Les auteurs ont l’obligation éthique de signaler tous les aspects de l’étude qui peuvent avoir une incidence sur la réplicabilité de leur recherche par des observateurs indépendants.
  23. Les chercheurs ont la responsabilité éthique de déclarer les résultats de leurs études selon leurs protocoles écrits a priori. Toute manipulation post hoc pouvant modifier les résultats initialement obtenus, tels que l’élimination des valeurs aberrantes ou l’utilisation de techniques statistiques alternatives, doit être clairement décrite ainsi qu’une justification acceptable pour l’utilisation de ces techniques.
  24. Le droit d’être auteur doit être discutée avant de commencer la recherche et doit être basée sur des lignes directrices établies, comme celles du Comité international des rédacteurs des revues médicales.
  25. Seules les personnes qui ont apporté des contributions substantielles à un projet méritent d’être auteurs d’un article.
  26. Les collaborations entre facultés et étudiants devraient suivre les mêmes critères pour déterminer le droit d’être auteur des articles. Les mentors doivent faire preuve d’un grand soin et ne pas accorder le droit d’être auteur d’un article aux étudiants dont les contributions ne le méritent pas, ni de refuser le droit d’être auteur et le crédit au travail à des étudiants.
  27. Le titre d’auteur à une personne qualifiée de ‘fantôme académique ou professionnel’ dans les sciences est éthiquement inacceptable.
  28. Les auteurs doivent prendre conscience de conflits d’intérêts éventuels dans leurs propres recherches et faire tout leur possible pour révéler ces situations (par exemple, la propriété d’actions d’une société, les contrats de conseil avec un sponsor) qui peuvent créer des conflits d’intérêts réels ou potentiels.

Source – Maisonneuve, Hervé.  Actualisation du guide ‘plagiat’ de l’Office of Research Integrity (USA) : pour une rédaction éthique et intègre avec beaucoup d’exemplesRédaction médicale et scientifique.  25 novembre 2016.

 

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Sonia Morin

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