Cycles supérieurs Tendances sociétales

Un CV de recherche parfaitement honnête : ça existe?

Un CV d’échecs?  C’est sur cette idée que commence l’article de Sandra Acker.  Une idée lancée en 2010 par Melanie Stefan dans Nature.  En effet, nous ne parlons que de ce qui a marché.  Pas un mot, par exemple, sur les nombreuses tentatives infructueuses de demandes de subvention (dont le taux de succès frisent parfois les 15 % à peine) ou de soumissions d’articles ou de conférences.  On publie rarement les culs-de-sac, qui seraient pourtant utiles pour éviter la répétition de mêmes recherches avec les mêmes résultats.  On n’explique pas les périodes creuses d’une, deux, voire trois années… Stefan terminait son article en recommandant de tenir à jour un CV des échecs pour se rappeler que le travail de recherche n’est pas qu’une histoire de succès.

Il est certain qu’une telle idée que celle d’un CV des échecs détonne à l’heure où en recherche les promotions et l’octroi de financement sont étroitement liés à la performance.  Tout le temps investi dans des activités « infructueuses » ne peut être pris en compte si on omet de mentionner les demandes de subventions ou d’articles refusées, les congés de maternité ou de paternité.  De plus, il n’y a pas de place dans les CV de recherche pour indiquer le mentorat, le service à la collectivité, la réécriture d’articles…  Selon Acker,

[l]e CV parfaitement honnête n’existe pas, puisque de nombreuses activités sont de plus en plus souvent passées sous silence. Devrions-nous inclure la liste de toutes les lettres de recommandation que nous rédigeons? Des heures passées à débloquer une photocopieuse ou à déchiffrer un formulaire de soumission en ligne? Des multiples révisions nécessaires avant qu’un article soit enfin publié? Le temps que nous consacrons à ces activités signifie-t-il que nous sommes méticuleux ou bien tout simplement inefficaces?

L’avant-dernier paragraphe de l’article d’Acker révèle une réalité qui terrifie.

Heureusement, au Canada, il n’existe pas de ministère de l’Éducation nationale pouvant imposer des évaluations de la recherche à grande échelle. Dans des pays comme le Royaume-Uni, où le gouvernement peut imposer des peines individuelles et institutionnelles pour les rendements inférieurs aux normes de référence (NDLR : notre emphase), les universitaires sont soumis à un stress encore plus grand.

Je ne vois aucune solution à court terme…  Et vous?

Exemple de CV des échecs : Johannes Haushofer Ccv of Failures.

Source: Acker, Sandra.  CV des réussites et des échecs : Responsabilisation universitaire ou poudre aux yeux?  Affaires universitaires.  30 août 2016.

L'Université Laval forme ses étudiants en mobilité aux menaces terroristes
Les grandes entreprises n’hésitent pas à embaucher les diplômés de doctorat (France)
+ posts

À propos de l'auteur

Sonia Morin

Laisser un commentaire