Tendances sociétales

Le développement durable, nouvelle religion des universités?

Alors que les écologistes ont été associés au mouvement terroriste dans le dossier de la fermeture de Résolu, le National Association of Scholars (NAS) associe le mouvement de développement durable sur les campus à une nouvelle forme de fondamentalisme, dans son rapport Sustainability Higher Education’s New Fundamentalism.

Dans l’essence, le volumineux rapport dénonce le fait que “le développement durable glisse de la position d’un objet d’étude à celle d’une pratique “. Le rapport argumente que le mouvement du développement durable sur les campus, qu’il qualifie d’utopie, d’idéologie et de forme de catastrophisme, nuit à la liberté intellectuelle, draine des ressources financières et jouit d’un traitement de faveur par rapport à d’autres mouvements sur les campus.

Le rapport s’en prend également au mouvement de désinvestissement du secteur pétrolier qui gagne de plus en plus de campus, de même qu’à la prolifération des programmes de formation dans le domaine de l’environnement et du développement durable. Surtout, il s’inquiète des orientations et efforts qui sont déployés pour intégrer les notions de développement durable dans un plus vaste ensemble de programmes, au-delà des programmes spécialisés. Bref, somme toute, le rapport dresse un portrait complet et détaillé du mouvement des campus durables.

À propos de la NAS

Si ces enjeux sont légitimes, le rapport apparaît être un prétexte pour alimenter le mouvement des négationnistes du climat. Derrière un discours qu’elle dit neutre sur le sujet des changements climatiques et brandissant l’argument de la liberté intellectuelle, la NAS réfère toutefois à cet enjeu comme une « croyance ». Elle y consacre un chapitre complet pour présenter les « deux côtés » du débat, niant de facto le consensus scientifique qu’incarne le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. La NAS est étroitement associée à la droite conservatrice américaine se définissant comme un « independent membership association of academics and others working to sustain the tradition of reasoned scholarship and civil debate in America’s colleges and universities ».

Le débat est relancé

Fondamentalisme? Embrigadement des étudiants à des fins environnementalistes?

Ou nécessaire transformation de la relation humain-nature pour laquelle les universités sont des terreaux fertiles et essentiels d’émergence d’innovation? Avec le “risque” que les universités s’en trouvent elles-mêmes transformées…

 Sources : 

Thomason, Andy. 2015. « Sustainability Is the New Campus Orthodoxy, Report Argues ». The Chronicle of Higher Education, 25 mars.

NAS. 2015. Sustainability Higher Education’s New Fundamentalism. 259 p.

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À propos de l'auteur

Véronique Bisaillon

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