Cycles supérieurs

L’exigence de détenir une maîtrise : une maladie selon une professeure norvégienne

La Norvège a passé la dernière année à débattre de la valeur des diplômes de maîtrise. L’origine de ce débat réside dans les propos que la professeure d’administration Linda Lai a tenus dans un séminaire couvert par un des grands journaux d’affaires. Lai a qualifié l’exigence de détenir une maîtrise d’exagérée et lui a donné le nom de mastersyke : maladie du diplôme de maîtrise.

Se basant sur un sondage qu’elle a mené auprès de 20 000 employés des secteurs privé et public, elle estime qu’entre 25% et 40% des gens ne sont pas dans un emploi qui leur permet de mettre à profit les acquis de la maîtrise, notamment pour leur premier emploi et que cette inutilisation entraîne une attitude négative envers le travail, voire, pour certains, de la détresse.

La Confederation of Norwegian Enterprise (NHO) a pour sa part sondé ses 23 000 institutions membres afin de cartographier les compétences dont elles ont besoin et le niveau de scolarisation qui leur corresponde. Seulement 10% des 5 500 entreprises qui ont répondu au sondage estiment qu’elles auront besoin de diplômés de maîtrise pour combler leurs besoins de main d’œuvre. En fait, [m]ore than half stated that tasks today performed by masters graduates could be done as well by bachelor degree graduates, and most also said they would prefer to educate employees within their companies rather than employ new staff members. NHO demande rien de moins que la suppression d’environ 900 programmes de maîtrise, selon le professeur Daniel Apollon, directeur d’un groupe de recherche sur le numérique à l’université de Bergen.

Faut-il s’étonner que les universités soient en désaccord avec Lai et la NHO? Selon le recteur Ole Petter Ottersen, l’allégation de maladie du diplôme de maîtrise est basée sur la perception qu’il y a une surproduction de diplômés de maîtrise, qui sont jugés surqualifiés pour les emplois du marché du travail.

Il y a peut-être lieu de rapprocher le milieu du travail et le monde universitaire comme le propose Apollon :  Norwegian employers and universities should “consider more durable public-private scenarios”[…]. For example, a long-term commitment by NHO and academia to offering company placement opportunities for masters students during their studies.

Le débat norvégien a eu des échos au niveau international : Michael Gaebel, head of the Higher Education Policy Unit at the European University Association, or EUA, told University World News: “Our 2009 study on the masters and several trends reports have identified the masters as the most versatile degree.” Selon Gaebel, la situation en Norvège serait unique.

Gardons à l’oeil le malade au cas où sa maladie serait contagieuse et se propagerait.

Source: Myklebust, Jan Petter. Heated debate over the value of masters degrees. University World News. 16 août 2014.

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Sonia Morin

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