Pédagogique Technologique

Les exposés magistraux à l’agonie? Pas si vite…

C’est avec le titre accrocheur “Why lectures are dead (or soon will be)” que Tony Bates présente les arguments historiquement évoqués pour annoncer la fin des exposés magistraux.  Dans l’article, Bates mentionne que malgré ses critiques, les exposés ont survécu à l’invention de l’imprimerie, de la radio et de la télédiffusion, et plus récemment à la mise en ligne de cours sur Internet.

Les recherches portant sur l’évaluation de l’efficacité du moyen ont d’ailleurs permis de dégager certaines réalités:

  • The lecture is as effective as other methods for transmitting information (the corollary of course is that other methods – such as video, reading, independent study – are just as effective as lecturing for transmitting information)
  • Most lectures are not as effective as discussion for promoting thought
  • Lectures are generally ineffective for changing attitudes or values or for inspiring interest in a subject
  • Lectures are relatively ineffective for teaching behavioural skills.

Il n’est donc pas surprenant que l’exposé, malgré ses limites dans les activités faisant appel à un apprentissage plus actif, a toujours sa place dans la formation en classe.

Dans un contexte de formation en ligne, l’exposé peut servir de modèle auprès des apprenants (notamment, pour faciliter le développement de la pensée de l’expert).  Les outils technologiques permettent de varier les modalités de formation, et quoique l’exposé reste un incontournable dans différents contextes, Bates prévoit que ceux-ci seront de plus en plus réservés à des portions restreintes d’un cours (introduction au cours, répondre à des questions fréquentes de la part des étudiants, bilans, etc.) que pour la transmission de connaissances qui s’effectue maintenant à l’aide du matériel pédagogique (documents écrits et multimédia) associé aux formations.

Source: Bates, Tony. Why lectures are dead (or soon will be), Contact North, 27 juillet 2014.

 

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Marc Couture

3 Commentaires

  • Autour du même sujet, Robert Talbert du blogue _Casting Out Nines_ a une opinion assez différente. Lorsqu’on lui demande si le fait d’amasser des données peut “réparer” ou “améliorer” la leçon magistrale, il croit que le problème en est un de culture universitaire axée sur la recherche.

    D’après lui, les recherches ont plutôt démontrées que de l’enseignement plus interactif est davantage profitable aux étudiants [NDLR: il ne cite aucune source]. Le problème est que les professeurs n’ont pas d’incitatifs pour faire de leur enseignement une priorité:

    « …[P]utting complex data-driven metrics around a path of least resistance is not going to make that path suddenly as productive or effective as paths of greater resistance, which is where you usually find the most inspiring results. […] ….I have to conclude that I think many universities, and sadly many faculty, say that they want effective teaching and high student performance, but they don’t want it badly enough to make sacrifices for it. » (Talbert, 2014)

    Source: Talbert, Robert, “Is lecture really the thing that needs fixing?”, Casting Out Nines, 12 août, 2014

    http://chronicle.com/blognetwork/castingoutnines/2014/08/12/is-lecture-really-the-thing-that-needs-fixing/?cid=wb&utm_source=wb&utm_medium=en

  • Il faudrait bien définir ce que l’on compare ici. Quand on parle d’exposé magistral, on veut généralement dire un exposé sans vie, livré sur un ton monotone, souvent la lecture mot à mot d’un texte écrit. Ça n’a rien de “magistral”! Ce qu’il faut vraiment comparer, c’est la présence physique, avec la possibilité d’interaction par beaucoup plus de sens que juste l’ouïe, avec un exposé en ligne qui a plus l’air d’une émission de télévision du canal Savoir. Tiens, soudainement, l’exposé magistral prend du gallon. Espère-t-on vraiment que les étudiants peuvent découvrir par eux-mêmes toute la science qui a pris des siècles à se construire? Seront-ils dupes si on essaie de leur faire croire qu’ils peuvent y arriver?

    Il ne faut pas laisser tomber l’exposé magistral, mais trouver les façons de le rendre le plus efficace possible, en variant les interactions. La préparation préalable des étudiants, comme dans la classe inversée, est une des stratégies les plus prometteuse. Mais convient-elle à tous? Les discussions insérées aux bonnes places, les petits quizz, etc. en sont d’autres.

    En ces temps difficiles, il faut aussi se poser la question que le Québec s’est posée il y a 50 ans via la commission Parent: vaut-il mieux donner la meilleure formation possible à une petite fraction des étudiants (c’était le cours classique), ou faire pour le mieux avec la majorité?

    Pas évident!

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