Tendances sociétales

Les problèmes les plus importants pour les universités : le point de vue d’un simple professeur

Les cinq problèmes pour les universités qu’identifie Todd Pettigrew, professeur à la Cape Breton University, émanent d’observations sur le terrain de l’enseignement. Il a fait cet exercice en réaction à un discours du recteur de la University of British Columbia, Stephen Stoope.  Le propos de Pettigrew est parfois cru, provocant et certainement peu politique, mais pourquoi le serait-il? Sa réflexion s’enracine dans sa tâche de professeur.

 

  1. Le manque de préparation des étudiants pour des études universitaires

Des étudiants de biologie qui n’ont pas appris ce qu’est l’évolution. Des étudiants de physique qui ne connaissent pas les principes à la base des formules. Des étudiants de langues qui n’ont jamais écrit… Selon Pettigrew, le manque de préparation peut entraîner quatre conséquences pour les étudiants :

  1. ils échouent.
  2. ils se plaignent que leurs professeurs sont trop « durs ».
  3. ils trouvent des professeurs qui ont « abdiqué » et qui les font passer.
  4. ils travaillent fort et parviennent à apprendre ce qu’ils sont censés apprendre, cette dernière conséquence étant la plus désirable mais aussi la moins courante.

 

  1. La présence croissante d’étudiants internationaux sous-qualifiés

Ce second problème s’apparente au manque de préparation. Pettigrew n’est pas contre la présence d’étudiants internationaux, mais il remet en question le recrutement à tout crin de cette clientèle, qu’il rattache à la recherche de revenus pour les universités. Conséquences? 1) Les professeurs se retrouvent dans une double contrainte : avoir les mêmes exigences pour les étudiants internationaux et une réticence, compréhensible, à faire échouer un grand nombre d’entre eux. Un certain discours laisse entendre qu’il convient d’équilibrer les attentes en fonction de la réalité et de prendre en considération ce que les étudiants internationaux peuvent accomplir, ce qui revient à abaisser les exigences pour cette clientèle. 2) Les étudiants internationaux qui réalisent la pauvreté de leur maîtrise de l’anglais ont recours au plagiat.

 

  1. Un renversement des attentes : qui est responsable de la réussite des étudiants

Ici, Pettigrew réagit à l’un des défis identifiés par Stephen Stoope, à savoir la capacité des universités à s’adapter aux changements dans les attentes des étudiants envers la réussite de leurs études universitaires. Pour le professeur, c’est le contraire qui devrait prévaloir : les étudiants ont à comprendre ce qu’on attend d’eux. Si les étudiants ne lisent que des tweets, le rôle des universités n’est pas de se mettre à enseigner en utilisant twitter. Le défi serait de continuer à faire valoir le travail intellectuel qui permet d’appréhender la complexité de notre monde, de nuancer nos propos…

 

  1. L’impératif de rentabilité.

Jusqu’à encore récemment, la mission fondamentale des universités était de créer du savoir et de le diffuser.  Aujourd’hui, de plus en plus, on entend que les universités doivent agir comme leaders de croissance économique; l’enseignement et la recherche deviennent alors des moyens pour atteindre la rentabilité. Pettigrew se demande pourquoi les universités devraient jouer ce rôle de leader en économie alors que c’est celui du secteur privé. Le défi serait de résister à cet impératif.

 

  1. Le culte du contenu.

Pettigrew se désole de l’actuel engouement pour l’apprentissage en ligne, à distance, pour les MOOCs; il réagit au discours sur l’éventuelle rupture dans le monde de l’éducation. Il fait l’apologie de la vie universitaire et prône que les études sont plus qu’une série de cours. Il parle des contacts en présence, sur place, avec d’autres membres de la communauté universitaire qui permettent de créer, de nourrir et de soutenir différents apprentissages. Le défi serait de  tout mettre en oeuvre pour que les études dans les universités soient significatives.

 

 

 

Source –

Pettigrew, Todd. The biggest challenges for universities : a prof’s view. Macleans. 3 juillet 2014.

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Sonia Morin

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