L’idée fait son chemin : les sciences humaines pourraient être « sauvées » par le numérique. D’ailleurs, l’expression sciences humaines numériques (Digital Humanities – Voir définition ici) se répand lentement mais sûrement.
Dans un article d’Affaires universitaires, Kevin Kee, vice-recteur adjoint à la recherche (sciences humaines et sociales) de l’Université Brock et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences humaines numériques, présente son questionnement sur les liens établis et à établir entre la recherche, plus particulièrement en sciences humaines, et le numérique.
Comment être chercheur universitaire dans la nouvelle ère numérique? Autrement dit, à l’ère d’Internet, où les connaissances circulent sans limites, comment peut-on redessiner les frontières qui ont jusqu’ici défini et consolidé le concept de recherche universitaire?
Selon Kee, les quatre pratiques fondamentales en recherche universitaire, à savoir, les travaux de recherche, l’écriture, la publication et la communication, sont en mutation.
Le manque d’informations s’est transformé en surabondance d’information (« infobésité »), ce qui a mis en lumière l’impossibilité de traiter toute l’information disponible. À preuve…
un historien qui souhaite écrire l’histoire de la Maison-Blanche sous Lyndon Johnson devra lire et analyser les 40 000 notes de service rédigées durant cette période. S’il s’intéresse à la Maison-Blanche sous Clinton, il devra examiner quelque quatre millions de courriels. (NDLR : notre emphase.) Personne ne peut lire une telle quantité de courriels, en plus de tous les autres documents émanant de l’administration Clinton, sans y passer sa vie entière. Comment peut-on alors écrire l’histoire de cette époque?
Kee invite les universitaires à réfléchir aux questions qu’il soulève et il compte sur le Congrès des sciences humaines 2014 (24-30 mai) pour créer de nombreuses occasions d’échanges sur les pratiques de recherche : actuelles et à redéfinir.
Source : Kee, Kevin. Comment dynamiser la recherche universitaire à l’ère du numérique. Affaires universitaires. 9 avril 2014.