Cycles supérieurs

Au tour de l’Université de Toulouse : thèse plagiée et contexte discutable

Un couple d’enseignants, tous deux travaillant à la Faculté d’odontologie de l’Université Toulouse III, sont en attente d’un jugement du tribunal correctionnel de Paris pour une accusation de plagiat ou, en langage juridique, de complicité de contrefaçon d’une œuvre de l’esprit.

C’est un étudiant qui a porté plainte après avoir remarqué que des pans entiers de son mémoire de maîtrise (obtenu en 2006) avaient été copiés/collés dans la thèse de l’enseignante.  Selon les 8 experts qui ont comparé la thèse au mémoire, 44 pages sur 150 exactement, pages qui constituent, toujours selon les experts, l’apport original à la science de cette thèse.

Banale histoire de plagiat dans une thèse?  Oui, mais…  Les débats n’ont pas tant porté sur les similitudes, reconnues de part et d’autre, que sur la paternité de ces travaux : qui a copié qui ? Qui a inventé quoi ? L’affaire est délicate, dans la mesure où Christine Marchal-Sixou (l’enseignante) et Samer Nuwwareh (l’étudiant plaignant) travaillaient dans le même laboratoire, dirigé par Michel Sixou (l’enseignant et mari de l’enseignante), doyen jusqu’en septembre 2013 de la faculté dentaire, sur des recherches proches.  […]  L’article nous apprend que Mme Marchal-Sixou s’inscrit en doctorat à Paris-V-Descartes avec deux directeurs de thèse, un professeur parisien, Christian Hervé, et un toulousain, Gérard Paloudier, mais mène toutes ses recherches dans le laboratoire de son mari et qu’elle réalise son doctorat en deux ans et qu’elle obtient, grâce à ses travaux, un poste de maître de conférence à la faculté d’odontologie de l’Université Toulouse III.   

On serait en droit de relever et de mettre en lumière le potentiel élevé de conflits d’intérêts que cette situation comporte.  Or, l’article ne mentionne pas que ce potentiel ait fait l’objet d’une gestion par l’institution.

Source – Rey-Lefebvre, Isabelle.  Une affaire de plagiat secoue la faculté dentaire de ToulouseLe Monde.  19 octobre 2013.

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Sonia Morin

2 Commentaires

  • Et voici la conclusion de cette affaire :
    Le tribunal correctionnel a jugé Christine Marchal coupable de «contrefaçon d’une œuvre de l’esprit au mépris des droits de l’auteur» pour ce qui est des commentaires et analyses compris dans le texte. «Cette contrefaçon est d’autant plus inacceptable», soulignent les juges, «qu’elle a été commise dans le cadre d’une thèse portant sur le domaine de l’éthique médicale».

    Le tribunal a également ordonné le retrait de la thèse du site internet de l’Inserm, l’affichage de la décision pendant un mois dans les locaux des deux universités. Christine Marchal-Sixou a également été condamnée à verser 20.000 euros de dommages et intérêts à Samer Nuwwareh.

    Son mari, le Dr Sixou, a quant à lui bénéficié d’une relaxe. Il été poursuivi pour complicité de contrefaçon.

    “Le tribunal souligne qu’il ressort du dossier que le plaignant «n’a, au fond, été pris comme étudiant par Michel Sixou qu’afin de travailler dans le domaine de recherche de son épouse». Les juges de la 31e chambre s’étonnent qu’il n’ait «pas mis en garde son épouse des emprunts qu’elle effectuait dans les travaux des étudiants de son laboratoire et ce alors même qu’il prétendait vouloir développer un aspect éthique au sein de celui-ci». «Néanmoins», considère le tribunal, «ces éléments qui relèvent de l’éthique et de la déontologie ne caractérisent pas une complicité au sens pénal», ce qui explique sa relaxe.” Il reste que le mari, il me semble, ne pouvait pas ne pas savoir… et qu’il y avait très probablement conflit d’Intérêts. Mais bon!
    Source : http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/medecine-la-justice-ordonne-la-destruction-d-une-these-pour-plagiat-3942/

  • Le doyen de la Faculté dentaire a démissionné mais conserve ses prérogatives de professeur universitaire. Selon La Dépèche.fr du 18 janvier, “[a]u cours des dernières semaines, le climat était devenu délétère à la faculté d’odontologie : les règlements de comptes, les menaces et les accusations de triche aux élections internes, sur fond de lutte pour la conquête du pouvoir, avaient fini par miner la gouvernance.”
    Source : http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/18/1797740-faculte-dentaire-le-doyen-contraint-a-la-demission.html.

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