Pédagogique Technologique

La «classe inversée» de plus en plus documentée

Carrefour Éducation et Infobourg proposent un dossier complet sur la «classe inversée». Plusieurs aspects sont touchés: caractéristiques, outils, balados et blogues sur lesquels sont partagées expériences et statistiques sur qui renverse quoi?

Je découvre entre autre des statistiques intéressantes tirées d’un sondage mené par Crystal Kirch auprès de plus de 300 répondants et qui indiquent que pour ce qui est du niveau d’enseignement où il se vit le plus de «classe inversée», le post-secondaire arrive au deuxième rang (après le 2e cycle du secondaire); que les matières dans lesquelles il se pratique le plus de «classe inversée» sont les sciences (à 47%) et les mathématiques (à 36%); que YouTube et appareils mobiles sont privilégiés pour le visionnement des capsules de formation (blogue du prof Noël).

Dans La Tribune de samedi dernier, Vincent Beaucher (chargé de cours à la Faculté d’éducation de l’UdeS), signait un article sur le même thème: «La pédagogie inversée: qu’est-ce?» et renvoyait au site français IClasse 130 qui décrit, explique et concrétise l’approche de «classe inversée» pour les matières telles que l’histoire, la géographie, l’éducation civique.

Ce qui est frappant lorsqu’on regarde tout ce qui se fait et s’écrit sur le sujet, c’est le nombre d’appellations qui circulent. Qu’on utilise les termes de «flipped classroom», de «classe inversée» ou  de «pédagogie inversée»; qu’on la définisse comme une approche, une méthode, un outil ou même une pédagogie… Il s’agit toujours du même phénomène d’inversion des activités d’acquisition et de mise en pratique/ clarifications, dans le but ultime de rendre les apprenants plus actifs et engagés dans leurs apprentissages.

Le professeur et blogueur Robert Talbert intègre et réfléchit au modèle depuis un certain temps.  Dans une billet récent, il explique comment récemment des discussions avec quelques collègues lui ont permis de préciser et de mieux saisir la nature de ce mode d’enseignement. À un collègue qui se demandait si la méthode de Moore pouvait constituer une instance de la classe inversée.  Talbert répond en distinguant une «pratique d’enseignement » (instructional practice) d’un «principe de conception de cours » (course design principle).  D’après lui, la méthode de Moore est une pratique d’enseignement qui consiste à ne donner aux étudiants que des définitions et des théorèmes afin qu’ils les résolvent ensemble en classe.  Dans sa forme la plus stricte, Moore interdisait à ses étudiants de lire sur le sujet enseigné, leur demandant de se fier uniquement à leurs habiletés cognitives.

Pour Talbert, la « classe inversée » est une « plate-forme » qu’il met en parallèle avec le système d’exploitation d’un ordinateur.  La classe inversée libère du temps de classe parce que le transfert d’information a lieu à l’extérieur, la pratique d’enseignement utilisée lors de ce temps libéré est propre à chaque formateur.  Talbert croit néanmoins que les activités données lors de ce temps libéré doivent permettre aux étudiants de donner davantage de sens à leurs apprentissages.  Un peu comme les différents logiciels que l’on fait fonctionner sur Windows, Mac ou Linux.

À partir du moment où la méthode de Moore ne compte pas de transfert d’information à l’extérieur de la classe, elle peut donc difficilement être considérée comme de la classe inversée, selon Talbert.

Dans un autre billet, Talbert évoque le fait que le degré d’inversion peut varier selon la conception du cours.  Ainsi, un enseignant pourrait donner l’ensemble de ses contenus hors classe et conserver l’ensemble du temps présentiel pour de l’application ou de la résolution de problèmes.  Il inverserait alors à 100 %.  Talbert suggère que la méthode Peer Instruction d’Eric Mazur n’est inversée qu’à 50 %, alors que Mazur se garde la possibilité de donner des mini-cours en classe.

So, does all of this matter? I think so, because the flipped classroom has become such a heavy edu-speak buzzword that it’s important to distinguish the course design from the actual teaching that takes place. It’s not enough to say “I’m teaching my class with the flipped classroom“. In fact that statement doesn’t even make sense. You have to say something about the pedagogy. The flipped classroom is not about videos and whatnot — it is about making use of the newly-liberated class time to do something useful and effective with students.

Un terme que nous utilisons aussi en français est celui de « modalité », par exemple pour décrire si un cours se donne en présentiel, en ligne ou en mode hybride.  Attendu que la classe inversée se veut une forme d’hybridation, constitue-t-elle aussi une « modalité »?

Sources:

Beaucher, Vincent, «La pédagogie inversée: qu’est-ce?», La Tribune, 21 mai 2013

Gaudreau, Alexandre, «La classe inversée c’est quoi?», YouTube, 13 mars 2013.

Miller, Audrey, «Faire ses premiers pas vers la classe inversée», Infobourg, 9 mai 2013.

Talbert, Robert, «Is the modified Moore method an instance of a flipped classroom?», Casting Out Nines, 8 mai 2013.

Talbert, Robert, « The Inverted Classroom as a Platform», Casting Out Nines, 8 mars 2013.

 

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Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!

À propos de l'auteur

Francheska Gaulin

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