Tendances sociétales

Nouveau rapport sur la transformation inévitable du système universitaire

Le 22 octobre 2012, la firme internationale Ernst & Young publiait le rapport University of the Future: A Thousand Year Old Industry on the Cusp of Profound Change dans lequel on annonce dès la préface que le système d’éducation universitaire actuel est entré dans une période de transformation existentielle : son rôle dans la société, son mode d’opération, sa structure économique et sa valeur sont remis en question.

Le rapport fait état de 5 tendances qui jouent un rôle dans cette remise en question existentielle :

  1. la démocratisation du savoir et son accès, une conséquence directe de la disponibilité de l’information en ligne;
  2. une concurrence féroce pour les clientèles et le financement, imputable au sous-financement public et à l’adoption de modèles de gestion basés sur les lois du marché;
  3. les technologies numériques, qui affectent le mode de livraison de la formation;
  4. les possibilités de mobilité internationale, autant pour les étudiants que pour le personnel;
  5. les partenariats avec les industries, qui modifient l’offre et la forme des programmes et le financement de la recherche.

En tenant compte du contexte actuel, le rapport prédit trois avenues possibles pour les universités :

  1. un statu quo mais avec une gestion au plus près de l’efficience
  2. le développement  de créneaux d’excellence reconnus à l’exclusion d’une offre large et non ciblée,
  3. le développement de nouvelles offres de formation aux formes mouvantes avec des partenaires externes.

Le rapport s’attarde beaucoup à la situation des universités australiennes et a suscité une onde de choc dans les milieux de l’éducation :

Léo Charbonneau, d’Affaires universitaires, en a fait une dépêche sur son blogue Margin Notes.  Il y écrit que le système australien ressemble au canadien et que, conséquemment, les conclusions  du rapport pourraient s’avérer pertinentes pour le Canada si la participation du secteur privé prenait de l’ampleur.  Par ailleurs, il ajoute que l’impression d’une crise est particulièrement aiguë aux États-Unis, où il existe des universités privées et de nombreux partenariats avec le privé :

Selon un récent sondage commandité par le magazine Time et la Carnegie Corporation of New York, 89 pour cent des adultes américains et 96 pour cent des hauts dirigeants des collèges et universités considèrent que l’enseignement supérieur est en crise, et près de quatre sur 10 jugent que cette crise est grave.

Au Canada, cette perception d’une crise éminente en enseignement supérieur est moins forte, pour le moment, du moins, que chez nos voisins.  La théorie de Léo Charbonneau à ce sujet est la suivante :

Cela pourrait tenir en partie à la place plutôt restreinte du secteur privé au sein des universités canadiennes, outre les dons de bienfaisance, le parrainage et les collaborations entre l’industrie et les universités en matière de recherche. La situation est très différente aux États-Unis, où bon nombre des universités d’élite sont privées et où le plus important fournisseur de services d’enseignement en ligne appartient à une entreprise à but lucratif.

Il se peut que, devant la situation actuelle au Canada où l’on privilégie un système public solide et où la population semble peu favorable au changement, les entrepreneurs n’entrevoient tout simplement pas la possibilité de faire de grands profits. Or, j’ai l’impression que c’est justement la perspective de réaliser des profits faramineux qui inspire la plupart des actuels scénarios catastrophes.

Reste que la transformation du monde universitaire est annoncée, avec plus ou moins d’alarmisme, depuis un moment.  En fait, elle a déjà commencée…

Sources:

University of Alberta, « Ernst & Young releases report titled University of the Future  », Government at a Glance.  26 octobre 2012.

Charbonneau, Léo, « The future of universities is all doom and gloom »,  Les affaires universitaires,  6 novembre 2012.

Charbonneau, Léo, « Un vent d’alarmisme souffle sur l’avenir des universités », Les affaires universitaires, 7 novembre 2012.

 

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Sonia Morin

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