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Critique très dure du système universitaire français par l’historien François Garçon

L’historien François Garçon émet une critique virulente du système universitaire français dans un article du journal Le Point à partir de deux ouvrages qu’il a publié récemment, soit Enquête sur la formation des élites dans le monde (Perrin, 2011) et Le dernier verrou – En finir avec le Conseil national des universités (The Media Faculty, 2012).

Pour lui, depuis le premier classement de Shanghai en 2003, l’institution universitaire française a pris connaissance qu’elle n’était pas le modèle international, unique alternative au système américain, qu’elle croyait.  « Sous-équipement, sous-encadrement, sous-financement, surpopulation… » Garçon accuse notamment le schisme entre universités et grandes écoles, mais aussi entre enseignants et chercheurs CNRS.

« Il existe en effet plusieurs contradictions fondamentales qui rongent notre système de l’intérieur. D’abord, la dichotomie entre grandes écoles et université. Mais aussi le décalage hallucinant qui existe entre enseignants-chercheurs, qui donnent cours, corrigent les copies, encadrent les recherches, effectuent les leurs, collectent la taxe d’apprentissage, et les pontes du CNRS, qui font uniquement de la recherche et sont la risée de leurs homologues étrangers qui ironisent sur le “cocooning CNRS”.»

« … [T]out l’appareil d’État, de droite comme de gauche, est issu des grandes écoles. Et cultive un certain mépris pour l’université. Je pense que cette aversion date de la reconstruction qui suit la Deuxième Guerre mondiale. On a alors besoin de cadres, mais on n’a plus confiance en l’université pour les former. En 2003, on se réveille et on constate que 1,3 million d’étudiants macéraient dans cette cuve dont on n’a pas su assurer le renouvellement des flux. »

Parmi ses solutions, l’évaluation des enseignants – d’après le modèle suisse – et davantage de compétitivité entre les universités (comme en Grande-Bretagne) :

« …[L]a Grande-Bretagne, dont l’enseignement est, certes onéreux, mais d’excellence et restructuré il y a peu. Le système anglais accorde une place fondamentale à la compétition. C’est-à-dire que si Cambridge prend une année le pas sur Oxford dans un domaine particulier, l’année suivante, Oxford tentera de compter dans ses équipes un ponte en la matière. Jamais vous ne verrez ça en France. »

« …[C]hez nous, l’évaluation est synonyme de paranoïa. Et est vécue comme un contrôle policier qui pourrait déboucher sur des sanctions. Or, les enseignants suisses sont-ils sanctionnés ? Certainement pas. Il s’agit juste d’un excellent outil pour se positionner par rapport aux autres. La Suisse impose également aux cadors d’enseigner en première année. Alors qu’en France la logique pousse souvent l’éminent professeur à ne surtout pas fréquenter la plèbe… »

Source :

Gairin, Victoria, « L’enseignement supérieur français est schizophrénique », Lepoint.fr, 20 juin 2012

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Jean-Sébastien Dubé

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