Pédagogique Point chaud / en émergence

Apprentissage par l’action : ne pas confondre corrélation et cause

Dans un billet récent, l’enseignant en sciences Paul Bruno décortique une étude de la National Assessment of Education Progress (USA) qui conclut que les étudiants qui passent plus de temps à pratiquer des activités concrètes en sciences ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui passent le moins de temps dans de telles activités pratiques. Il réagit notamment à l’article du journaliste Andrew J. Rotherdam du New York Times qui extrapole en disant que la solution pour l’apprentissage est donc de programmer davantage de telles activités [Note : au moment de rédiger le présent billet, Rotherdam semble avoir retiré de son article le passage cité par Bruno].

Bruno y voit une erreur de raisonnement, qui est malheureusement fort répandue, soit celle de confondre une corrélation avec une preuve de relation causale. Bruno ne croit pas que la plus grande participation à des activités pratiques ait causé les meilleurs résultats, mais plutôt que les facteurs qui amènent des élèves à s’intéresser aux activités pratiques sont les mêmes qui amènent les élèves à bien performer. Il parie que l’explication la plus pertinente est que s’il y a effectivement une relation causale, elle soit à l’inverse. C’est à dire que les élèves ayant déjà une longueur d’avance dans leurs connaissances scientifiques sont les plus susceptibles d’avoir le bagage nécessaire à la compréhension qui permet de bénéficier des activités pratiques. Il sont donc plus susceptibles de s’y intéresser et d’y participer souvent.

Bruno fait référence au concept de connaissances antérieures (background knowledge) pour appuyer son argumentaire : il faut des connaissances antérieures préalables pour bénéficier d’une activité pratique. Il s’inscrit ici dans le courant des experts qui prétendent que l’apprentissage actif n’a pas à se traduire systématiquement par des activités pratiques, surtout dans le cas où les apprenants n’ont pas nécessairement les connaissances antérieures pour en tirer parti. (Voir un billet précédent à ce sujet).

Source :

Bruno, Paul (2012) The Pros and Cons of Hands-On Science. This week in education (blogue), 15  mai 2012 [Consulté le 18 mai 2012]

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