Pédagogique Technologique

Qu’est-ce qui nous empêche d’utiliser la vidéo dans les cours?

Je veille sur la vidéo depuis plusieurs années. J’aime ce médium dynamique et polyvalent. Malheureusement, force m’est de constater que tous ne partagent pas cet enthousiasme et que les mythes qui courent à son sujet sont encore nombreux. C’est du moins ce qu’ont constaté Parson et Machale.

Quelles sont ces croyances qui ont la couenne dure et qui freinent l’appropriation et l’utilisation de la vidéo en formation?

  • la vidéo est un médium passif… C’était vrai au temps des rubans magnétiques, des cassettes VHS, des supports physiques qui imposaient une certaine linéarité. Avec le numérique et les nouvelles technologies, la production vidéo est de plus en plus «légère». Par ailleurs, la navigation est devenue beaucoup moins linéaire grâce aux possibilités d’ajouts de toutes sortes tels des tables des matières cliquables et d’autres éléments d’interaction (bulles d’information à la demande, boutons cliquables qui mènent ailleurs, questions quiz, jeux qui ludifient l’apprentissage et rendent l’apprenant actif.
  • la vidéo exige beaucoup de bande passante… Qui n’a jamais eu de problème de connexion, vécu de perte de signal, etc.? Il est vrai que la vidéo en mode de diffusion (streaming) peut prendre l’allure de film d’horreur. Mais qui dit vidéo «pédagogique», dit vidéo conçue pour des besoins de formation qui respecte les principes multimédia pour l’apprentissage (segmentation des contenus par exemple). Si on ajoute à cela le fait que de nos jours les codecs réalisent des compressions donnant de meilleurs rapports qualité/poids, les problèmes de bande passante sont en bonne partie contournés.
  • pas moyen de contrôler le rythme… Il est clair qu’en appuyant sur le bouton PLAY, la vidéo part et se met en mode lecture… Mais qui dit bouton PLAY, dit aussi boutons PAUSE, STOP, REWIND et toutes ces possibilités sont autant d’alternatives, donc de choix et de contrôle offert à celui ou celle qui visionne.
  • pas très sécuritaire… Bien que le piratage soit légion sur Internet, lorsqu’il s’agit d’environnements numériques d’apprentissage ou de plateformes de formation tel que Moodle, il en va autrement. Ces plateformes possèdent des fonctions et paramètres de sécurité en lien avec le rôle attribué à l’usager. De plus, inscription, code d’identification personnel et mot de passe sont généralement requis pour accéder au contenu.
  • la vidéo coûte cher… Tout contenu vidéo qu’on voudrait produire ou encore qu’on voudrait faire produire sur mesure a un coût et, ce coût n’est pas que monétaire… L’investissement en temps et en ressource humaine est loin d’être à négliger (quoique cela dépend toujours de ce l’on cherche comme produit final). Mais la démocratisation des technologies fait qu’il est maintenant beaucoup plus facile de filmer, monter, diffuser des contenus vidéos à moindres coûts. La qualité et la diversité des vidéos qu’on retrouve désormais en ligne est multiple. Les grandes chaînes de télévision acceptent même de diffuser des images captées avec un cellulaire par exemple, tant que le contenu est exclusif.
  • une vidéo de formation doit durer moins de 2 minutes… Certaines recherches démontrent que sur internet, le temps de visionnement en continu tourne autour de 2 minutes (tous styles de vidéos confondus). Cependant, lorsqu’il s’agit de vidéos pédagogiques, ce temps peut aller bien au-delà. N’oublions pas qu’une vidéo pédagogique est conçue de façon telle qu’elle maximise l’apprentissage par différents principes qui engagent et mettent en action l’apprenant.
  • sur YouTube tout est gratuit et ouvert à tous… Ce n’est pas parce que l’on peut accéder à des milliers de vidéos sur YouTube que tout y est gratuit et ouvert pour autant. Les contenus rendus disponibles sur cette plateforme sont tous associées à de la publicité. De plus, bien qu’il s’agisse d’un réseau de partage à grande échelle, il est possible de changer les paramètres de diffusion par défaut qui sont «Publics», pour privilégier un mode plus «Privé» et réserver les accès.
  • pas aussi efficace que le présentiel… Celui ou celle qui affirme que rien ne peut remplacer un bon professeur en salle de classe doit d’abord préciser ce qu’il entend par BON professeur et admettre que ce ne sont pas tous les professeurs qui le sont!  De même, une vidéo mise en ligne pourra «efficacement» présenter des éléments à l’étude, démontrer un processus à réaliser… Toutefois, on ne pourra pas faire l’économie d’un professeur-concepteur-pédagogue qui aura pris soin de réfléchir à la meilleure façon de faire passer tel ou tel contenu et qui saura par la suite relancer et amener encore plus loin les apprenants.

Sources :

Parsons, Jon, «Seven myths about instructional video: wich one is limited you?», Learning Solutions magazine, 2 mai 2016.

Machale, David, «The four biggest myths of video learning on-the-go?», eLearning Industry, 11 mars 2016.

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Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!

À propos de l'auteur

Francheska Gaulin

Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!

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