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Des universités américaines réduisent volontairement les inscriptions dans leurs programmes de doctorat

En réponse à la crise économique qui sévit aux États-Unis, plusieurs universités américaines, et pas les moindres – Emory, Harvard, Princeton, Chigago, North Western, et même le MIT,  ont choisi délibérément de réduire les inscriptions dans leurs programmes de doctorat, tout en encourageant les inscriptions dans les programmes de maîtrise.  S’il en est ainsi, c’est que les doctorants sont, dans la majorité des cas, soutenus financièrement par les universités, alors que les étudiants à la maîtrise paient pour leurs études.  Le raisonnement est simple : plus de doctorants signifie plus de « dépenses »; plus d’étudiants à la maîtrise équivaut à plus de revenus.  Si le raisonnement sous-jacent à cette réduction est bel et bien simple, qu’en est-il des conséquences?    

Pour certaines administrations universitaires, cette crise que traversent les universités américaines pourrait constituer  l’occasion par excellence pour qu’elles acceptent enfin de se pencher sur les enjeux liés aux approches pédagogiques et à l’insertion professionnelle des diplômés de doctorat, deux enjeux pour lesquels on réclame depuis plusieurs années des transformations substantielles.  En effet, la formation doctorale a beaucoup critiquée pour son manque de « largeur », pour ses lacunes en développement de compétences attrayantes pour des carrières à l’extérieur du monde universitaire, pour des manquements en encadrement…  On a également fait état de la différence entre l’offre et la demande en matière de diplômés de doctorat. 

Pour d’autres universités, la réduction des inscriptions pourrait entraîner la mort de certains champs spécialisés, qui ne survivent  que parce qu’ils recrutaient déjà le minimum.  On parle désormais de fusionner des spécialités autour d’un thème commun.  À titre d’exemple, la Graduate School de la Northwestern University a lancé une initiative de grappe interdisciplinaire.  Ainsi, les études en histoire de la Russie, linguistique du russe, musique et des arts russes pourraient transcender les limites départementales et se regrouper pour former un nouveau champ d’études et de recherche sous le thème de la Russie, qui serait véritablement interdisciplinaire.   Cette idée de grappe (cluster, en anglais) a suscité beaucoup d’intérêt dans la communauté universitaire. 

À l’heure actuelle, il impossible de dire si cette  réduction des inscriptions dans les  programmes de doctorat se répétera au cours des prochaines années, mais la rareté des places au doctorat aura certainement pour effet d’augmenter la compétition pour la sélection et, par conséquent, la qualité des doctorants.   

Sources 

Top PhD Programs, Shrinking, May 13, 2009, Inside Higher Ed
Ph.D. Admissions Shrinkage, March 30, 2009, Inside Higher Ed

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Sonia Morin

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